Sabu, parce que ça fait des bulles.
Deux choses ont attiré ma curiosité concernant WAH : Otomo, dont il s’agit ici si je ne m’abuse du seul film live, et un synopsis qui m’avait l’air de promettre du nawak en barre.
Alors, vous l’avez vu le 7 là ? (Bon, bon, je surnote très légèrement, c’est vrai.) Honnêtement, WAH mériterait plus un bon 6, voire 6 et demi.
Mais voilà, gros capital sympathie pour cette bobine.
Ça commence par ce générique immédiatement accrocheur sur une reprise de Tokyo Boogie-Woogie (gros succès populaire des années 40) ; la caméra se promenant dans les rues de la capitale nippone, grouillante, nocturne, lumineuse, vivante. C’est le japon de mon enfance —je veux dire : on se croirait presque dans City Hunter — et là j’ai envie de me trémousser en rythme devant les vêtements datés, les passants hauts en couleurs, et les enseignes imprimés sur le grain si particulier des films de cette période (1991), quand les lumières semblaient se diluer dans une pellicule brumeuse typique.
Et pis revoir cette introduction en post visionnage lui donne du sens, et c’est pas mal.
Gros capital sympathie aussi pour les personnages. Sabu (Hiroyuki Tanaka) se révélant être une bonne surprise, ridicule et comique dans ce rôle de Itta, Yakuza crâneur et grande gueule chargé d’expulser une brochette d’immigrés qui n’hésiteront pas à se payer sa tête au passage.
(Et une filmo de plus à parcourir ! Tanaka/Sabu étant — me dit @DrunkenBastard, un réalisateur intéressant.)
Si les aptitudes formelles d’Otomo ne me surprennent pas, j’avoue découvrir sa capacité à tenir un récit à dominante comique dont la principale qualité est de donner la patate à l’amateur de film de genre qui ne se prend pas au sérieux. Ouais c’est un peu débile, c’est plutôt léger, c’est plus comique qu’épouvante/horreur, ouais et alors ?
Tu te casses au japon.
Tu te marres bien.
Tu te prends pas le chou.
Y a de la bonne musique.
Une séquence de karaoké qui file la banane.
Une brochette de gaijin malins (j’ai un faible pour le tawanais).
Et Sabu qui se démène et insuffle pas mal d’énergie au tout.
Tu veux quoi encore ? Cent balles et un Mars ?
WAH c’est un peu crétin mais c’est pas con, non plus. C’est Kon, en fait. La petite allusion concernant le générique fait référence au thème sous jacent de son script. Le futur réalisateur égratigne, au détour d’une histoire fantastico loufoque, la xénophobie japonaise emprunte de nationalisme un brin condescendent qui fait le bonheur des touristes dans le métro.
(Z’êtes pas au courant ? Les japonais n’aiment pas trop s’asseoir à côté d’un gaijin dans le métro, parce que ça pue un gaijin.)
Ce qui est malin c’est que les immigrés de l’immeuble au centre du film —accessoirement hanté— en prennent pour leur matricule de la part d’un japonais (yakuza, quel hasard) colérique et gesticulant ; tellement excessif qu’il en devient presque une caricature de général nippon. Et on sourit face à leur attitude, jouant sur la carte de l’étranger qui ne comprend rien.
WAH c’est donc la découverte d’un film absolument sympathique, plutôt solide malgré une seconde partie moins convaincante (l’aspect surnaturel de l’histoire), vivant et habité par une bonne galerie de personnages. Une bobine qui insuffle un peu de cette envie aux parfums nostalgiques de partir pour le pays du soleil levant, comme quand j’étais gosse.
Pour se faire traiter de gaijin qui pue.