Les zombies aussi aiment les câlins.
A coup sûr, Max Brooks doit se retourner dans sa tombe... oh wait !? Mais il est VIVANT ! Il a donc vu le massacre que son livre a subi point par point ? Parce qu'il y a de quoi lancer un procès là, si ça lui chante.
Ou alors il s'est simplement plié à une offre très généreuse, je ne sais pas, et je ne veux pas le savoir de toute façon.
Ce qu'il y a de très, très (...) très frustrant dans World War Z, c'est son titre.
Pour moi ce n'est ni plus ni moins de l'imposture. De l'ingratitude envers le livre d'origine, de quoi faire péter une durite à Dr Perry Cox, j'vous l'dis.
Il y a donc un véritable monde entre le film et sa source littéraire. Dans le bouquin de Max Brooks, tout n'est pas enclenché n'importe comment. La guerre est terminée, et nous avons un homme de l'ONU, un journaliste d'investigation, qui fait le tour du monde pour recueillir les témoignages de personnes importantes ou d'individus anonymes qui ont laissé une trace dans cette guerre.
Chine, Cuba, Russie, Afrique du Sud... On apprend comment l'invasion s'est déroulée dans tous les pays du monde et comment ils ont réagi. Et ils l'ont tous fait de manière différente. C'était à chaque fois intéressant, car on avait l'occasion de voir cela à travers l'oeil d'un cadre militaire ou d'un simple civil.
Là où dans le film cette inexorable tragédie s'abat sur le monde avec beaucoup d'insipidité. Un parti pris flagrant pour l'action... Ca équivaut à vendre son derrière au grand public, pour la faire court.
Pourtant dans le livre, encore une fois, l'histoire est découpée en plusieurs compartiments distincts. Nous avons les premiers signes, puis la grande panique, et ensuite l'inévitable guerre qui gagne de plus en plus de contrées.
Il y avait un potentiel d'adaptation énorme, mais plutôt que ça, ce long-métrage hollywoodien permet aux détracteurs de zombies de le qualifier telle une série Z soporifique dénuée d'originalité.
Parce que le problème, en dehors de l'intérêt fort limité par rapport au livre, c'est ce manque de nuances. On nous balance des scènes grotesques où Brad Pitt casse les burnes d'hommes desséchés. POURQUOI CE CHOIX ? (on connait déjà la réponse, mais j'avais besoin de le dire) ; Le zombie n'était qu'un putain de prétexte pour monsieur Brooks, il ne faisait que présenter sa vision du monde et de ceux qui l'habitent. Et pour en revenir à notre cher Brad Pitt, il est aussi reluisant que dans sa période "je fais de la pub pour des grandes marques de parfums, regardez comme je suis cool et élégant à la fois !". Je l'ai senti fade, il ne rentre jamais vraiment dans son personnage...
Sans parler de cette fixette sur les États-Unis, forcément vu les racines de la production... on ne pouvait que le prévoir, mais ça ne fait qu'ajouter des excréments du mauvais côté de la balance.
Ah, oui.
J'en viens au pire du pire. Mais vraiment, je déconne pas.
C'EST QUOI CES ZOMBIES QUI COURENT ? (28 jours plus tard, inside) Et pourquoi ils s'entassent telle une fourmilière ? Si on s'en tient toujours à l'ouvrage, ils sont supposés être lents. Et l'infection ne se propage pas en une dizaine de secondes, non, je dis non !
Je vais vous épargner les inventions sorties tout droit du cerveau de je-ne-sais-qui, qui n'ont jamais pris forme dans le livre. Tout est tellement mal raconté, ou du moins, ça ne l'est pas comme on était en droit de l'attendre.
Toute la partie sur l'infection qui a commencée en chine, avec le patient zéro... ils l'ont massacré à coups de hache. Évidemment, il y a une durée qui limite un peu, mais ce n'est pas une raison suffisante quand on aborde des choses avec autant de désinvolture, du relâchement au profit de l'action qui amuse la foule. Again and again.
Les zombies aussi aiment les câlins disais-je donc dans le titre... parce que c'est quand même un divertissement familial, il ne faut pas que les situations soient trop explicites, qu'elles soient inondées de bouillies de chairs et de sang. C'est soft, quoi, pour que les enfants puisent déguster tranquillement leurs pop corns sucrés, et que leurs parents n'est pas à tirer une gueule d'étonnement digne d'un Waza.
Bref, en tant que tel, c'est-à-dire sans port d'attache littéraire, "World War Z" (ça me fait mal de l'écrire, croyez le) est un film qui a les ressources nécessaires pour faire passer un bon petit moment devant sa télosh si on est pas trop regardant. Il y a un peu de tension qui se ressent, des scènes qui s'enchaînent et se bousculent... en clair, si on applique l'effet inverse, et qu'on prend certains défauts, ces derniers deviennent des arguments pour ceux et celles qui veulent un film spectaculaire pour lequel on peut mettre son cerveau sur le bouton "off". C'est chiant de dire ça, mais c'est le cas.
Et je ne remercierai jamais assez ce film pour m'avoir offert la mort la plus ridicule depuis 2012, c'était magique. La glisse, c'est tout un art.
Je laisse le mot de la fin au docteur Perry Cox.
http://goo.gl/XnwaeO