Et au milieu coule une rivière de Zombies...

Autant vous le dire de suite, ceux qui ont détesté World War Z m'énervent presque autant que ceux qui l'ont adoré.
Que n'ai-je pas entendu depuis l'annonce de l'intention de Brad Pitt, via son excellente société de production Plan B, d'adapter le non moins excellent roman de Max Brooks, fils de Mel.
Je ne parlerai pas du choix de Marc Forster à la réalisation dans cette critique, car je le considère personnellement comme un faiseur, ce qui n'est pas du tout péjoratif mais pas non plus très constructif à mon humble avis concernant la réussite finale du film.
Je disais donc: tout le monde à envie de parler de Zombies ces derniers temps.
La popularité du Zombie n'est pas qu'une mode, c'est un fantasme sur patte, mixant apocalypse, alienation, violence, exhibition de la mort, j'en passe et des meilleures. Le Zombie a ses fans. Le Zombie est un genre. Et un avis sur les Zombies, c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un.
Alors depuis les premières images de la BA, on a entendu des avis sur à peu près tout: les Zombies qui courent: pour ou contre ?, Brad Pitt: bon ou pas bon ?, le Film Vs le Bouquin: qui gagne ? On a même disserté sur une scène montrant l'armée Israélienne shootant du Zombie Palestinien !!
Et ben moi j'ai juste envie de vous dire de fermer vos écoutilles auriculaires et d'aller voir le film sans idées préconçues...
Heu... Vous avez quand même le droit de terminer de lire cette critique quand même, faut pas pousser Mémé dans les Zékés (ceux qui ont lu WWZ ou vu le film comprendront...).
Je dois dire qu'il y a de très bonnes choses dans World War Z.
Pour la première fois, un film choisit de reprendre l'excellente idée du livre consistant à fantasmer une vision mondiale d'une épidémie de Z. Tenir compte de la géopolitique mondiale pour envisager comment les nations résisteraient à une telle menace est brillant. Les scènes d'action sont de plus réellement très impressionnantes. La grande panique New-Yorkaise (petit bémol pour les Z sauteurs quand même) et l'envahissement du bastion Israélien prennent vraiment aux tripes et la première heure du film est vraiment menée à un train d'enfer. Je soulignerai enfin quelques excellentes idées parsemant ça et là le film au niveau scénaristique. Il faut vraiment être d'une mauvaise foi crasse pour ne pas reconnaître au moins ces quelques points positifs.
Par contre, il est tout aussi con de sourire béatement devant WWZ comme un Zombie face à un gros Carpaccio de Cervelle à la provençale.
Je passerai bien gentiment devant quelques lourdes incohérences parce que je veux bien faire preuve de bonne volonté (on regarde un film de Zombies quand même les gars...).
Le problème principal vient de Brad Pitt. Enfin pas de son jeu, bien que je le trouve personnellement très très peu expressif, mais de son point de vue. Là où le livre globalisait dans la forme autant que dans le fond en empilant les témoignages choraux, on se retrouve avec un seul regard devant englober une situation mondiale ce qui limite beaucoup, mais alors beaucoup la réflexion.
La seconde partie du film m'a paru souffrir d'un cruel manque de rythme, et la fin (qui a été remplacée après les projection-tests) est plus que moyenne. Quant à la scène de l'assaut Z sur Jérusalem, s'il ne faut pas tomber dans le prosélytisme primaire en simplifiant les significations, je remarque quand même que l'on rend responsable la chute du bastion par la réunion des peuples dans l'enceinte, ce qui ne me laisse pas un super goût dans la bouche.
Alors au final, on va le voir ou pas ce film me dîtes vous la bave au lèvres ?
Et bien moi je dis oui. Certes Brad Pitt a voulu surfer (dans tous les sens du terme) sur la vague Zombie, et certes, le film ne restera pas comme une référence du genre, mais le tout reste un très bon divertissement qu'il faut surtout se contenter de prendre comme tel sans espérer y retrouver l'intelligence et l'analyse du livre.
Je continuerais, pour ma part, à attendre patiemment LE film de Zombies qu'un réalisateur un peu plus créatif et qu'une production un peu moins orientée, ne manqueront pas de pondre un jour pour redonner un sens profond et une référence contemporaine à ce thème beaucoup plus profond qu'il n'y paraît.