"A part", vous avez dit "à part"?
Difficile de mettre dans une case un film qui se déroule sur cinq siècles, plusieurs planètes, et mixe les genres en racontant plusieurs histoires là où les films actuels peinent à en inventer une seule.
Alors on est un peu perdu.
Au début, on cherche à rattacher les morceaux, et on se dit que, si les frères Wachowski, triolisés pour l'occasion de Tom Tikwer (Cours Lola Cours), ont décidé de nous raconter ces histoires simultanément, c'est qu'il doit forcément y avoir un lien sémantique à débusquer. En réalité, la vitesse avec laquelle le spectateur va abandonner cette recherche directe va conditionner sa toute sa relation avec le film. Cloud Atlas n'est pas un film, mais six films entremêlés. A la manière d'une lecture pouvant se mêler à une écoute musicale, chaque fragment laisse une impression sur le suivant.
Beaucoup de spectateurs et de critiques se sont bornés à débusquer les thèmes présents dans les histoires et reprochent du coup au film de tourner en rond autour de l'amour, de l'asservissement, ou de certaines valeurs humaines plus ou moins manichéennes. Et ont du coup réduit le film à une accumulation de métaphores plus ou moins lourdingues. La true-truth, c'est que nous sommes victimes de la force du conformisme narratif... Comme Sonmia 451, nous devons d'abord nous libérer d'une habitude confortable (mais dangereuse) pour regarder un film différemment. Et c'est bien le problème du film, car nous avons l'habitude qu'un film se contente de nous raconter une histoire, une aventure, portée par de vaillants personnages, qui gagnent ou perdent à la fin. Mais une histoire surtout.
Dans Cloud Atlas, l'histoire est peu et les personnages sont beaucoup. Ces humains particuliers, qui ont en commun une force spéciale, créatrice, rebelle ou inspirante, sont la réelle moelle du film, ils sont les chaînons manquant qui entrainent éventuellement l'humanité dans une nouvelle direction. On peut reprocher au trio leur postulat gentillet qui consiste à souligner les forces positives de l'humanité, et les virages bénéfiques, se bornant à utiliser le Mal comme courant violent contre lequel il est si dur de se battre. Mais après tout, on a encore le droit d'avoir un peu d'espoir en l'humanité, même à Hollywood, non?
Et même inversement.
Surtout s'ils commencent à tuer le chien dans les films...