• Si l’on admet qu’un blockbuster est conçu pour plaire aux adolescents américains et, dans une moindre mesure, à leurs homologues européens et chinois ;
• si l’on admet que ce public juvénile exige de l’action, de la peur et de la musique ;
• force est de constater que, l’accoutumance aidant, les producteurs sont acculés à forcer sur les doses.
Nous arrivons à un point de rupture.
Pour captiver nos têtes blondes, les premiers films catastrophes boutaient le feu à un gratte-ciel (La tour infernale) ou à un Boeing (Airport). Puis, ils brûlèrent des villes (Pompéi, Le pic de Dante, The last day). Après avoir évité de peu l’Armageddon final, ils sont désormais contraints de sacrifier l’humanité, congelée (Le jour d’après) ou noyée (2012).
Après le succès de Quantum of Solace et l’échec du petit Machine Gun, Marc Foster nous livre son second « film explosant le quartier » : un cross-over zombies / catastrophe à l’échelle planétaire. L’ennemi n’est plus d’origine naturelle ou extraterrestre (La guerre des mondes ou Independence day), il est désormais en nous. Nous sommes foutus !
Les Zombies de Georges Romero étaient lents, implacables et politiquement incorrects. Dans Je suis une légende, ils avaient gagné en célérité et sauvagerie. Ils sont désormais hyper-véloces, suicidaires et dotés d’une intelligence collective. Telle une fourmilière en marche, ils déferlent sur nos villes et nos campagnes. Foster alterne les scènes à grands spectacles et les séances d’infiltration nocturne. Ne reculant devant aucun sacrifice, il nous offre un must : un combat en huit-clos aérien, gentiment gore.
Le beau gosse Brad Pitt fait le job, sans forcer. Ses compagnons ayant la détestable habitude de se laisser mordre, c’est seul qu’il sauvera le petit reste d’humanité tremblante. Le super agent de l’ONU est indestructible, impassible et, au repos, bon père de famille. Il ne rit pas, nous non plus. Tout au plus ricanerez-vous face au destin du savant salvateur. La conclusion est invraisemblable, mais présente le double mérite de l’originalité et de permettre un WWZ2.
PS1 pour les puristes : Pourquoi faire décoller un Antonov An-12 ukrainien, aux improbables couleurs américaines et incapable de rejoindre la Corée, d’un porte-avion US ?
PS2 : La séquence israélienne est, au mieux, singulière.