Quentin Dupieux n’en finit pas de surprendre avec ces ovnis où l’absurde règne en maître. Tour à tour DJ de la french touch et du label Ed Bangers (Mr Oizo, c’est lui), clipeur de talent et cinéaste audacieux, ce touche-à-tout hyperactif n’a qu’une motivation : mettre le non-sens sur un piédestal. Ce n’est pas pour rien que son premier moyen-métrage a logiquement pris le titre de « Nonfilm ». Après une histoire de lifting (« Steak ») et celle d’un pneu serial-killer (« Rubber »), Quentin Dupieux franchit un nouveau pas, certes plus gracieux, avec Wrong. Dolph (Jack Plotnick, épatant), se réveille un beau matin et s’aperçoit que Paul, son chien, son seul compagnon, s’en est allé. Voilà que c’est la grosse déprime pour ce looser parfaitement dépeint, qui continue de se pointer au bureau alors qu’il est licencié depuis trois mois. Son enquête le mène rapidement sur la trace d’un mystérieux Master Chang, gourou d’une secte qui organise l’enlèvement d’animaux de compagnie. Avec une certaine classe, et un culot qui a fait sa renommée, y compris outre-Atlantique où il a tourné « Wrong », Quentin Dupieux prend encore une fois beaucoup de soin à raconter une histoire qui ne veut rien dire. Un bel exercice de style où les dialogues irrationnels font la part belle à des performances d’acteurs surprenantes, Jack Plotnik et Éric Judor (aussi hilarant que dans « Steak ») en tête. Une très belle photographie et un sens parfait du cadre embellissent une mise en scène léchée et envoûtante. À l’instar du monologue qui introduisait « Rubber », « Wrong » est un « hommage aux "aucune raison", cette figure de style d’une puissance fantastique ». Au moins une bonne raison d’aller voir « Wrong ».