À nouveau Quentin Dupieux nous embarque dans une expérience sensorielle, dans un rêve où l’on ne sait jamais exactement à quoi se raccrocher.
Dans Wrong tout commence en donnant le ton général de l’analogie de l’homme chien.
Je crains d’enfoncer une porte ouverte en écrivant que l’on cherche à nous montrer la nature bêtement obéissante de l’homme qui accepte sa condition avec la soumission d’un chien domestique. D’habitude j’ai pas tout-tout (désolé) compris aux films absurdes, mais là je ne le lisais pas et voulais le partager.
Un ouvrier défèque au beau milieu d’une rue sous les regards complaisants d’autres hommes, à cela rien d’anormal.
C’est à mon sens le thème principal du film, qui revient constamment. Les humains obéissent sans réfléchir aux ordres donnés, sont pratiquement tous très fidèles et soumis (le retour au travail, même sous la pluie, même après la mort ; le respect de consignes idiotes).
Même lorsqu’ils abandonnent leur « maître », c’est pour s’offrir à un autre tout en prenant soin d’accrocher le portrait de l’ancien. Le verre est soigneusement rempli à ras bord pour permettre de laper l’eau. L’anti-héros, qui porte lui même un prénom de chien (sans vouloir offenser les Dolph parmi nous), tandis que son chien porte un nom d’homme.
Une foule d’éléments me semblent aller dans ce sens de façon assez évidente, trop évidente même pour le cinema de Dupieux.
Ce qui me donne le sentiment d’écrire une critique aussi vaine et inutile que le voyage du voisin Mike fuyant l’absurdité de sa vie -et peut être ainsi moi de la mienne.
Plus que jamais dans son œuvre, les nombreux éléments absurdes et comiques entretiennent le sentiment de naviguer au beau milieu d’un rêve, d’où le temps ne s’écoule pas, repart en arrière (l’arrivée sur la plage), s’étend (seulement 2-3 jours), reprend un cycle (la renaissance), dépasse de son cadre (le réveil), anticipe son futur (les retrouvailles), et anticipe même les futurs films de l’auteur (Duke le Wrong Cop, le daim).
J’ai peut être tout faux, mais une chose est vraie et sûre, j’ai voyagé sur une route sans horizon et m’y suis laissé bercer.