Quentin Dupieux (alias Mr oizo dans le monde de la musique), est à proprement parler un véritable ovni du domaine artistique. Si vous avez déjà entendu ne serait-ce qu'une fois sa musique expérimentale, résultat d'un assemblage de sonorités psychédéliques et contradictoires alimentées de voix de text-to speech formant un tout paradoxalement cohérent et incohérent à la fois (sisi, écoutez), vous devriez déjà commencer à adopter mon point de vue.
Ceux qui auront déjà vus "Steak" ou encore "Rubber", savent à quoi s'attendre avec cet uluberlu du cinéma. Wrong comme son nom l'indique ("incohérent en anglais") pourrait au premier abord sembler être le délire d'un pseudo artiste sous ecstasy, dont la vision du monde se résumerait à de permanentes incohérences dans les actions de la vie quotidienne.
Et bien pas tout à fait. Même si ce type se boostait la cervelle avec de la dopamine en barre, son cinéma a quelque chose de vraiment particulier. Au delà des illogiques situations que nous rencontrons tout au long du métrage, Dupieux, avec une esthétique générale finement travaillée déjà confirmée par "Rubber", nous présente sa vision de l'humain; en le comparant implicitement à un canidé, pour au final confondre les deux en un seul être aux sentiments communs.
La scène d'introduction, qui au premier visionnage se trouve être incompréhensible, est en réalité un élément majeur à l'explication du film : un pompier déféquant en plein milieu d'une rue, lisant son journal, attendu par ses autres collègues pompiers, comme si cette scène était parfaitement normale. Le décor est alors posé, les incohérences peuvent être débitées : Un homme ayant perdu son chien, une société secrète qui enlève des animaux, un jardinier un peu simplet, une brune nymphomane et un détective aux méthodes perchées. Tels sont les personnages que vous rencontrerez lors du visionnage de Wrong.
Dans cet univers presque irréel (nous n'avons aucune indication du lieu de l'action), symbole d'une certaine amérique, dupieux donc, nous présente les humains, et leur capacité à rapidemment s'habituer à un sentiment comme l'on s'habituerai à l'acquisition d'un chien ou un autre animal de compagnie, le tout dans une ambiance de franchise totale ; Dolph, malgré les aventures et les personnages qu'il rencontre, se moque éperdument de ce qu'on peut lui dire, il ne veut entendre parler que de son chien, le jardinier lui est une symbolique de la personne qui a le temps, qui n'est aucunement pressé ( lorsqu'il décide de replanter le palmier plus en hauteur) contrairement à la nymphomane brune qui en l'espace d'à peine un jour, change de mari, tombe amoureuse et tombe enceinte.
N'ayez cependant aucune crainte d'aller voir ce film, ça change totalement de ce qu'on a l'habitude de voir, et croyez-moi ça fait du bien