Musique survitaminée et films complètement barges, voici la double identité de Mr Oizo aka Quentin Dupieux. Deux cordes souvent bien tissées, rarement emmêlées. "Wrong Cops" est peut-être le mariage le plus réussi de ses multiples talents. La musique lance le film sur un rythme super stimulant. Les oreilles vibrent et cela s'accorde très bien à l'écran. La forte, mais plaisante, présence de la musique va même se justifier avec l'entrée des personnages. Si la bande son n'est qu'une compilation des tubes de Mr Oizo elle n'en est pas moins euphorique, et ce jusqu'au générique. Ce best-of musical est le symbole très appuyé de multitudes auto-références.
Drôle ou pompeux, les adeptes de Quentin Dupieux verront un amusement les autres passeront outre les clins d’œils. Le premier, visuel, d'entre-eux est adressé a "Rubber". Image très saisissante d'un tas de pneus qui brûlent. Puis le passage du héros de "Wrong" sans les cops, chien en laisse, qui relie concrètement l'univers des deux films.
Et pourtant la réussite n'est pas du tout la même. Confluant dans le traitement du pathétique par l'absurde, divergent dans l'inspiration et le palpitant. Depuis sa sortie en 2012, je n'ai pas revu le précédent Quentin Dupieux. Alors la comparaison est peut-être délicate. Il ne me reste très peu de souvenir de "Wrong", en tout cas absolument pas autant de rires que pour cette séance. Ce fait me suffit donc à établir un avis convaincu sur la supériorité de "Wrong Cops". Probablement plus aboutit dans le sens du non-sens, cela fonctionne surtout d’avantage dans l'humour hyper décalé. Plus construit mais plus fou. C'est certainement grâce à une démence plus poussée mais plus cadrée que fonctionne l’hilarité.
Cette folie a toujours été la marque de fabrique du réalisateur Dupieux. Dans "Steak" elle s'accordait très bien à la niaiserie d'Eric et Ramzy. Avec Rubber elle poussait génialement et un maximum la déraison. Ici, l'absurde monte en puissance et atteins à nouveau des sommets. Les situations de plus en plus aberrantes deviennent complètement euphoriques.
D'abord des personnages plus qu'atypiques. Les flics pervers et corrompus sont au-delà de toute caricature. Marilyn Manson en ado fragile, paradoxalement excellent. Tout autour gravitent des électrons tout aussi fous-à-lier, comme Eric Judor. Parmi eux, la famille de Sunshine est assez remarquable. On y trouve un semblant de normalité touchante, notamment chez la fille (prometteuse Isabella Palmieri).
Ensuite des animaux morts pour faire passer de la drogue. Symbole de tout l'univers barré du film.
Enfin, un enterrement au champagne qui vire à la dance party. Bref une ambiance délurée entraînante.