Le cinéma africain se fait tellement rare sur les écrans que l'on se réjouit de chaque film qui en est issu et qui suscite une certaine indulgence pour ses défauts. Wùlu en a beaucoup, souvent par manque de moyens, d'ailleurs, mais c'est un thriller plus qu'intéressant, sorte de roman noir d'une jeunesse malienne sans perspectives si ce n'est celle de la délinquance pour échapper à la pauvreté. Ainsi va le parcours de Ladji, garçon mutique, dont l'ambition est d'abord de permettre à sa soeur de vivre décemment, sans avoir besoin de se prostituer. Le cinéaste a aussi la volonté de dénoncer la corruption qui sévit en Afrique de l'ouest mais cet aspect-là n'est pas vraiment fouillé, s'effaçant derrière la trajectoire de Ladji, qui monte les échelons avec le trafic de drogue, véritable fléau dans cette partie de l'Afrique. Les silences de son héros et le montage assez serré, plutôt elliptique, donne un ton au film, loin des poncifs du genre, tels que pratiqués en France ou en Amérique. La comparaison avec Scarface, reprise ad libitum par de nombreuses critiques, n'est pas valable, ne serait-ce que par le caractère de son personnage principal, sans même évoquer le contexte socio-politique.