Ce film débute par un texte qui défile, sur fond noir et soutenu par une superbe musique, et nous explique que, dans la culture Bambara, les communautés initient leurs adeptes, initiation qui les amène à cinq niveaux successifs, le niveau ultime étant celui qui révèle à un initié sa place dans la société. Chaque niveau est désigné par un animal, le cinquième étant le niveau du chien (Wùlu en Bambara).
Eh bien, cela résume parfaitement le film. Ladji, le protagoniste principal, va passer par les cinq niveaux et atteindre en moins de deux ans celui du chien. Réussite sociale éclatante, qui le voit passer de la misère (sa sœur, qui vit avec lui, se prostituant pour leur procurer quelques ressources financières) au sommet de la bonne société de Bamako. Mais il perdra, dans cette ascension fulgurante, son humanité.
Car la voie qu'il choisit, pour arriver, est celle du trafic de drogue. Un business dans lequel ça ne rigole pas franchement. On le voit, au départ par son astuce, arriver à y gravir les échelons. C'est ensuite la fiabilité - aux yeux de ses patrons - dont il fait preuve qui permet d'atteindre les sommets de la société. Sommets qui se présentent par ailleurs comme une véritable caricature : la maison, la piscine, le 4x4, les galeries d'art, les soirées entre notables et naturellement la fréquentation des européens. Ces derniers tirant, comme on s'en doute, toutes les ficelles du business. Au demeurant, une peinture plutôt décapante de l'Afrique.
Un film rythmé, sobre, efficace et plutôt bien interprété (notamment par Inna Modja, qui joue la sœur de Ladji et qui prend très vite goût aux avantages de sa nouvelle situation). Et de plus, j'apprécie ce genre de films noirs dont la trame est celle d'une tragédie, tragédie dans laquelle Ladji va à la rencontre de son inéluctable destin, comme pris dans un engrenage dans lequel il s'est glissé au départ, mais qu'il ne maitrise plus du tout à la fin...