Conçu à l'origine comme une mini-série, cette énième évocation de la fusillade de O.K. Corrall prendra finalement la forme d'une épopée de trois bonnes heures, le western étant (momentanément) revenu sur le devant de la scène suite au succès surprise du "Impitoyable" de Eastwood.
Concurrent direct du "Tombstone" plus modeste de Cosmatos, le "Wyatt Earp" de Kasdan sera au final un bel échec, sera injustement conspué (ces trous du cul des Razzie Awards s'en donneront à coeur joie) et marquera le début de la fin pour Kevin Costner qui essuiera consécutivement les plâtres de "Waterworld" et de "Postman".
Dommage, tant "Wyatt Earp" s'avère d'un beau classicisme, western certes un peu pépère mais fait avec amour et un talent certain. La reconstitution est soignée, le casting est formidable (mention spéciale pour un Dennis Quaid épatant et amaigri en Doc Holliday), les décors naturels sont superbes et quand Kasdan se décide enfin à faire parler la poudre, ça chie sévère dans le ventilo.
Mais le plus intéressant dans cette entreprise, reste sa vision pas toujours très flatteuse de la légende Earp, montré ici comme un personnage froid et limite détestable, tiraillé entre son devoir et sa volonté de préserver sa famille qu'il entraînera malgré lui dans une spirale infernale qui ne pourra s'achever que dans le sang. Le film en profite également pour esquisser une réflexion pas inintéressante sur un système judiciaire encore balbutiant et défaillant, tout en s'interrogeant sur la frontière extrêmement ténue entre auto-défense légitime et justice expéditive.
Peut-être un peu trop long et trop classique pour certains, "Wyatt Earp" mérite d'être réévalué à sa juste valeur, celle d'un bon petit western hollywoodien académique dans le bon sens du terme, parfaitement mis en scène et bénéficiant du charisme de Costner en Wyatt Earp plus complexe qu'à l'accoutumé.