Western peut-être, biopic, sûrement. Long de plus de 3h10, pour Yuma. Wyatt Earp, héros de l’ouest, avec du caractère. Pas parfait, mais c’est comme ça qu’on les aime. Viril, inflexible, intouchable. Il s’est forgé une carapace, une tête de (mule), de cochon, à travers les épreuves. Lawrence Kasdan, qui n’est pas avare en détails, nous raconte tout ou presque. Wyatt a un talent très utile. Il tire plus vite que son ombre. Moitié naïf, moitié ange déchu. Il perd sa femme, sa maison, et passe par la case prison. Il change de vie, et devient le héros de toute une population. Il accepte un job dont personne ne veut. Celui de Marshall à Tombstone, la bien nommée. Ville où l’espérance de vie est très courte. Wyatt qui n’a peur de rien, ni de personne, se révèle meneur d’homme exceptionnel. Il n’a qu’une parole, et est toujours en première ligne, général devant ses troupes. Toute une vison assez romantique de l’ouest, vu en deux clichés. Mêlé à la biographie qui se veut rigoureusement fidèle au récit de sa vie, tant que faire se peut.
La rencontre avec son ami, Doc Holiday, est des plus banales. Deux tueurs qui font connaissance dans un bar, et c’est le coup de foudre. L’un déjà mort, (Wyatt), l’autre rongé par la tuberculose (Doc). Et le miracle du film c’est ça. Comment ils ont fait pour tenir aussi longtemps, avec les risquent qu’ils prenaient ces deux là ? Deux trompe-la-mort, au sens propre du terme. Deux voyous qui sont du bon côté, et bénéficient de l’amnistie dû aux vainqueurs. Holiday campé par un Dennis Quaid méconnaissable. Performance d’acteur, et du maquilleur aussi. Kasdan se veut biographe, mais on sent une pointe d’admiration malgré tout. Alors que retenir de ce western, qui n’en est plus vraiment un. Le portrait flamboyant d’une légende de la gâchette. Kasdan fait tout pour gommer les aspérités, alors que la réalité crève l’écran. Wyatt est mort depuis le décès de sa femme en couche. Le reste fait partie de l’histoire.
Wyatt c’est un antihéros, et Kasdan fait tout pour l’iconiser. Modèle d’intransigeance, paternaliste, misogyne, attaché à son satané code de l’honneur familial. Chanceux comme il n’est pas permis, il aurait dû mourir dix fois. Protégé des dieux. Et ça fascine, car tout ce mélange, donne un être hors du commun. Un beau personnage de cinéma. Cela donne un blockbuster de plus de trois heures, coincé entre l’histoire vraie, la séduction, le divertissement. Je suis un peu partagé.
On aime voir ce genre de personnages, qui rappelle la période dorée, et la fin des haricots. Relecture sous un autre angle d’OK Corral. Le duel est moins mythique dans cette version là. La fin du genre western est passée par là. C’est un film d’action, précis et sans réflexion. Un divertissement « réaliste ». Règlement de comptes à Ok Corall, se transforme en règlement de comptes, tout court. On commence par l’enfance du jeune Wyatt qui rêve de gloire. Un fusil (déjà), à la main, pour arriver à ce fameux duel à OK Corral. Kasdan se veut plus proche de la réalité des faits, Ford est plus « romantique ». Il insiste là-dessus, mais s’éloigne de ce qui fait l’essence du genre, sa magie, son innocence, sa naïveté, qui faisait une bonne partie de sa force.
Á force de tourner autour de Wyatt ce héros, ça devient un film d’action avec des balles qui se perdent. Filmé pro, avec des anecdotes croustillantes, visuellement ça a de la gueule, c’est beau à regarder. Mais je ne sais pas si ça sera suffisant pour en faire un grand film. Certains vont adorer, mais les plus vieux vont faire la moue, et montrer aux plus petits la version originale, celle de John Ford. Règlement de comptes à Ok Corral. Évidemment, cette version là ne fera pas le poids.