X, soit un des plus grands manga des années 90 / début 2000. Et un des plus gros gâchis : cela fait maintenant 12 ans que le dernier tome en date est sorti en France (un peu plus au Japon) ; depuis, nous attendons que les auteurs reprennent leur série et lui apportent une fin (qui serait forcément décevante vu que leur style a fortement évolué depuis). La série TV et le long-métrage essayent bien d'apporter un semblant de conclusion, mais cela ne suffit pas à compenser...
Le long-métrage, justement, j'ai mis du temps avant de me pencher dessus, peut-être en raison de mon attachement au manga (tandis que c'était la version TV qui m'avait poussé à le lire). Ça, une réputation pas toujours flatteuse, et l'incapacité de caser une telle masse scénaristique en un seul film. Ce serait comme vouloir condenser la Saga du Sanctuaire des Chevaliers du Zodiaque en 90 minutes : impossible.
De fait, le scénario de cette adaptation manque de toute la finesse et la complexité de l'original, évacuant les personnages secondaires, se contentant d'une caractérisation sommaire voire absente pour les autres, expédiant les confrontations au point qu'elles paraissent illogiques - certains combattants donnent vraiment l'impression de vouloir se suicider tant ils ne font rien pour se protéger - omettant presque tout le discours sur le choix et le destin... Et pourtant, il introduit un nouvel antagoniste, pour compenser le fait que l'un d'entre eux ne disposait d'aucune capacité de combat.
Il faudra donc connaitre un minimum le manga (ou la série TV) pour apprécier ce qu'il a à raconter, mais en même temps, chaque modification pourra apparaitre comme une trahison supplémentaire.
En tant que long-métrage d'animation, celui-ci se situe à cheval entre les années 80 et les années 2000. Je ne parle pas uniquement de sa date de sortie mais bien de son style. Des premières, nous retrouvons le côté contemplatif qui prend parfois le pas sur le scénario et l'animation, les décors soignés et ultra-détaillés, et la thématique de l'apocalypse. Des secondes, nous découvrons certaines prémices, dans l'utilisation de l'ordinateur, notamment pour la colorisation. Cela lui donne un aspect surprenant, presque bâtard, alternant animation d'une fluidité extrême et plans complètement figés.
Paradoxalement, il veut traiter une telle masse de scénario qu'il ne peut pas prendre le temps de se montrer aussi contemplatif qu'il le souhaiterait, d'où une sensation étrange. Et malgré la destruction biblique qu'il évoque, cela ne semble pas perturber plus que cela les habitants de Tokyo, incarnés dans le manga par des personnages ici absents.
Cela ne signifie nullement que tout est à jeter dans ce film. Heureusement. La qualité technique est un atout indéniable, avec ces magnifiques vues de Tokyo en ruine. Du très grand art. Dommage qu'elles soient, comme indiqué tantôt, trop souvent expédiées. Le scénario, quant à lui, se laisse suivre à condition de connaitre l'original, ce qui le condamne en tant que long-métrage. Mais en même temps, il évoque des événements absents du manga - la disparition de certains protagonistes m'a particulièrement touché, même si le film lui-même ne nous laisse pas la possibilité de nous attacher à eux - et raconte toujours une histoire mémorable.
Si vous avez lu le manga, vous pouvez le prendre comme un bonus. Ce fût mon cas, je ne regrette pas cette expérience.
Si vous n'avez pas lu le manga, je vous conseille de le faire (ou à défaut de voir la série TV) : même incomplet, il s'agit malgré tout d'un incontournable.