X-Men n'était finalement qu'un échauffement, à vrai dire. Histoire de se faire la main et de présenter un univers comic book entré presque par effraction dans la culture populaire.
X-Men 2 est plus tragique, plus incertain, plus noir. Plus spectaculaire aussi. Tout en reproduisant cependant l'efficacité et la sobriété de son aîné.
Sauf que, cette fois-ci, plus besoin de présenter des personnages inconnus au nom bizarre, comme en témoigne une fantastique scène d'introduction décrivant Nightcrawler et son pouvoir, comme un être qui n'est jamais là où on l'attend. Avant de lancer les premières mesures, furieuses, du requiem en ré mineur et de laisser libre cours à une série de téléportations, admirablement mises en images, dont on sentirait presque l'odeur de soufre entourant les apparitions / disparitions du diable bleu, et mettant à l'amende la quasi intégralité de l'action déployée dans le premier X-Men.
Et tandis que la scène suivante amorce la liaison des pointillés de la mémoire de Wolverine, celle du museum achève de définir les enjeux du film : la perte de contrôle de Jean, la scission du groupe Malica / Iceman / Pyro, présenté déjà du côté obscur, et la vision du monde portée sur les mutants, monde que les menaçants pouvoirs de Xavier figent pour mieux faire disparaître ses élèves. Le tout en onze minutes d'une clarté et d'une concision assez réjouissantes émulant celles du premier film.
Le film est mené tambour battant, enquillant avec une certaine élégance les morceaux de bravoure tout aussi variés dans leur essence que maîtrisés dans leur mise en scène, allant de l'invasion du manoir X à l'évasion de Magneto de sa prison de plastique, dans un presque noir et blanc du plus bel effet. En passant par un combat mettant en avant l'un des ennemis les plus connus de Logan et l'histoire de ses origines.
Mais aussi spectaculaire soit-elle, l'action de X-Men 2 ne se fait jamais au détriment de son aspect humain, indéniablement plus sombre, comme ce détournement d'un Cerebro devenu délabré, dans un environnement baigné de neige. De quoi rappeler, dans un flash fugace, L'Empire Contre-Attaque, inscrivant X-Men 2 dans un sentiment de fuite, d'incertitude et de mal-être.
Et de se souvenir de ce moment si imprégné de vécu, de cette question tout à la fois désarmante et bête, de cette confession en forme de coming out presque littéral, le temps d'une halte dans la famille de Bobby.
Et de se souvenir, de la même manière, de l'antagoniste des mutants. Un William Stryker redéfini par rapport à sa source comics, tout de contradictions et de haine farouche bâti envers les mutants, reprenant à son compte tant les expériences nazies que les projets génocidaires. Dans un affrontement putatif avec un Xavier sous influence et dont Singer présente, par petites touches, une part sombre et le poids des échecs qui seront exploités dans la dramaturgie de X-Men : L'Affrontement Final.
Les quelques libertés prises le sont toujours pour servir l'histoire tricotée, pour lui donner du liant. Sans jamais trahir cependant le riche matériau d'origine. Car l'esprit du comic book demeure intact, traité avec tout la déférence et le respect dont pouvaient faire preuve Bryan Singer et son équipe, soit exactement les mêmes qui étaient à l'oeuvre trois ans plus tôt.
Faisant de X-Men 2, non pas un énième et paresseux film plus, mais un film mieux, portant le genre super héros au plus haut.
Behind_the_Mask, qui ne connaît plus qu'une seule lettre de l'alphabet.