No matter how fast I run, I always seem to be too late.

S’il s’avère être effectivement le plus mauvais de la trilogie rebootée, après revisionnage, il n’en reste pas moins que ce n’est pas la purge décriée. Il souffre de nombreuses faiblesses, la principale étant non pas un film trop long mais un film plein de longueur et dont la durée est très mal gérée.


Contrairement à la plupart des films du genre de ces dernières années, X-Men : Apocalypse prend son temps (peut-être même trop, pratiquement la moitié du film) pour introduire ses personnages. Tout d’abord avec une scène d’intro plutôt efficace pour présenter celui qui sera le méchant principal mais qui peut paraître faire un peu hors-sujet avec le reste. Puis avec une première partie qui s’étire et qui alterne entre les principaux personnages pour les introduire, ou réintroduire.


Ainsi, on aura d’une part Raven qui est en fuite mais qui erre sans but réel, un peu au hasard avant de rejoindre finalement Charles Xavier, qui de son côté a enfin pris à bras le corps le personnage que l’on connait. Mais son arc servira plus à introduire les jeunes mutants Scott Summers (Alex n’étant là que pour une scène héroïque) et Jean Grey. Personnages à la fois intéressants, intriguant mais profondément ennuyeux. En cause, une intrigue qui veut les présenter mais ne fait qu’effleurer la surface. Il faudra attendre la seconde partie pour voir Jean Grey clairement introduite, quand Scott semble n’être là finalement que parce qu’il ne peut y avoir de Jean Grey sans lui.


On a également une intrigue centrée autour de Magneto, et je ne sais pas quoi en penser. Déroutante parce que ce n’est pas le genre d’intrigue qu’on attend dans un film de super-héros, intéressante parce qu’elle nous permet d’approfondir enfin un peu plus le personnage par rapport au précédent film, inutile parce que trop facile en voulant jouer sur le même ressort que d’habitude et qu’il n’y en a pas besoin vu le background du personnage, et enfin peu pertinente vu ce qui en sera finalement fait.


Reste alors Apoclypse, qui semble souffrir un peu du même problème de Dark Phoenix dans The Last Stand, à savoir un méchant über, surpuissant mais qui ne peut rien faire tout seul, qui fait mumuse 30 secondes avant de se faire défoncer tranquillement. Bon, on ne va pas vraiment bouder ce dernier point dans le sens où il sera la conséquence d’une des rares scènes transcendantes du film. Mais voilà, pour revenir à Apocalypse, on nous présente au final un méchant overcheaté mais qui ne représentera jamais de réelle menace pour quiconque malgré ses quelques scènes classiques. Il sera entouré d’un Angel et d’une Psychlocke transparents et sans le moindre intérêt et d’une Tornade qui fait figuration.


Du coup, un film qui passe du temps à introduire ses personnages, mais qui en même temps ne développe rien de vraiment intéressant, sauf à de rares occasions. Ce qui donne cette sensation qu’il manque quelque chose alors qu’on a déjà un film de 2h23 qui peut paraître longuet.
Longuet, parce ce troisième opus manque vraiment de scènes marquantes, ou de séquences percutantes. L’histoire ne réussit pas à se transcender, sauf à de trop rares moments, ce qui fait qu’on suit une intrigue sans vraiment en prendre part. Sans oublier que tout n’est qu’un méli-mélo de scènes sans forcément de sens : un coup on va voir Charles, un autre Raven, un autre Apocalypse, on va du côté de Moira, puis on revient à Charles, puis on va voir Erik. La première partie ne présentera rien de vraiment palpitant, puis quand Apocalypse a enfin ses 4 Cavaliers, il passe trois plombes à observer Le Caire sans rien faire, permettant aux autres de carrément avoir une intrigue digne pour un film à part bâclée.


Là où ce troisième opus se perd complètement, c’est également dans les relations entre les personnages : même si c’était un peu moins marqué dans DoFP, cela a toujours été le cœur même du reboot. Sauf que là, le film balaye tout ça et ne chercher même pas à s’y attarder. Aucune alchimie n’est créée entre les personnages, c’est tout juste s’ils ont une interaction à la fin. Alors certes, on se retrouve dans un univers alternatif, mais ça ne fonctionne pas. Idem avec le triangle formé avec Raven/Mystique, à peine présent si ce n’est que pour servir de déclencheur chez Erik dans le final. Mais aucun build up n’est fait durant le film, on n’a carrément rien, à part que cette fois c’est Mystique qui vient chercher Charles. Quant à la relation avec Hank, je crois qu’on peut même dire qu’elle a été oubliée.


Pour situer le truc, c’est limite si Mystique n’a pas plus d’interactions avec la nouvelle génération qu’avec les anciens… Bon, on peut partir sur l’idée de la transmission de relai, d’une Mystique qui endosse le rôle de prof dans l’école car plus vieille amie de Charles… Mais bon, c’est vraiment timide dans la mise en place. Et puis bon, le personnage même de Mystique semble perdre d’intérêt au fil des minutes : comme si l’intrigue essayait d’en faire l’héroïne principale (histoire de faire écho à son rôle auprès de la nouvelle génération), mais échouait lamentablement.


Ce qui manque également au film, c’est l’ADN du reboot. Là où les deux précédents avaient réussi à jouer parfaitement sur leurs époques et les différents genres, Apocalypse échoue à tous les niveaux. Non seulement on se retrouve avec un film classique de super-héros faisant pensé à la purge The Last Stand par moment, mais en plus on ne se raccroche même pas aux années 80 dans l’ambiance même du film. Il n’y a aucune subtilité, c’est simplement de l’action brute. Et c’est, je pense, ce qui est le point le plus dommageable au film, ne pas réussir à continuer ce qui avait été fait jusqu’à présent. Non pas qu’il échoue, même pas il essaye. Alors que les années 80 auraient pu donner un truc super, on se retrouve vaguement avec un film qui ne s’ancre pas dans son époque. Pire, certains passages pourraient même se dérouler de nos jours que ça ne choquerait personne.


Il y aura cependant quelques points positifs dans tout ça. Tout d’abord, cette réplique magistrale qui entérine définitivement l’effacement de The Last Stand des registres de la franchise. Simple, court mais terriblement efficace. La première fois que j’applaudis au cinéma au cours d’une séance hors marathon. Le hic c’est que, paradoxalement, on se situe dans le cas étrange où un film prédit sa propre situation. Et du coup, est-ce un message pour essayer de dire « soyez indulgents » ? S’assume-t-il comme il est ? Ou bien est-ce de l’arrogance mal dissimulée ? Dans la même veine, nous avons ce petit caméo de Wolverine dans une des scènes qui a sans doute le mieux retranscrit le personnage à ce jour dans toute sa bestialité et qui, avec la scène post-générique, efface à son tour X-Men Origins : Wolverine des registres, ce qui n’est pas négligeable. Heureusement, là, il n’y a rien à redire.


Nous pouvons également citer la présence une nouvelle fois de Quicksilver. Si le personnage a plusieurs moments très intéressants mais manque parfois d’intensité ; une nouvelle fois, sa scène en super-vitesse s’avérera être une des meilleures du film, réussissant là où le reste échouer, transcendant complètement son support. Toujours avec le même humour, la même tonalité et la même efficacité. Et le tout, sur fond de Sweet Dreams (Are Made of This) d’Eurythmics… Que demande le peuple ? La deuxième scène marquante sera bien sûr celle avec l’arrivée de Phoenix, parfaitement orchestrée, dosée et bad-ass au possible. Elle ne dure que quelques secondes, mais au milieu de cette bataille finale bien morne, elle se présente comme un véritable bol d’oxygène « Ah, enfin ! On commence à parler ! ». Dommage que ça n’arrive que si tard dans le film.


Bref, mis à part ces quatre points, le reste du film se révèle presque fade par moment, sans réel enjeu ou intensité. Cependant, ces points font que le film se révèle un poil au-dessus de son aîné, bien que présentant les mêmes faiblesses.


Concernant le casting, il y a beaucoup à dire et en même temps pas grand-chose. Le trio McAvoy, Fassbender et Lawrence nous présente un registre dans lequel ils sont habitués sans chercher plus loin. C’est correct, voire même bon sur quelques passages, mais l’écriture des personnages fait que ça reste au final très classique. Difficile de juger Oscar Isaac dont le rôle est si mal écrit qu’il en est contraint à en proposer un jeu surfant sur le cliché de façon magistral. Dommage de gâcher un tel talent. Nicholas Hoult fait son job tout comme Rose Byrne, dont le personnage fait un peu figuration aussi d’ailleurs. Evan Peters reste fidèle à lui-même avec un Quicksilver toujours aussi hilarant, et Lucas Till n’a pas vraiment l’occasion de s’exprimer comme je l’ai déjà dit.


Concernant les nouveaux. Sans être un coup de cœur, j’ai été plutôt convaincu par Sophie Turner qui, bien que dans un jeu assez monolithique, réussissait à retranscrire les émotions de son personnage et ses doutes. Et puis, aussi incroyable que cela puisse paraître, elle se révèle très charismatique dans sa scène phare, contribuant beaucoup à transcender le tout. Kodi Smit-Mcphee est une autre bonne surprise avec Nightcrawler, même si on aurait aimé voir son personnage plus approfondi. Tye Sheridan et Alexandra Shipp ont un rôle bâtard de bouche trou, et propose le jeu qui va avec ; mais à voir ce que la suite propose. Quant à Ben Hardy et Olivia Munn, à l’image de leurs personnages, ils font acte de présence. Munn est même le pompon du truc, étant là simplement pour rincer les yeux, navrant quand on se rappelle de son talent dans The Newsroom.


Techniquement, le film entre dans le cahier des charges du genre. La musique de John Ottman reste fidèle à ses précédentes BO sur la franchise, utilisant de temps en temps son thème central et en proposant quelques autres plutôt intéressant. On retiendra notamment le travail fait avec la 7ème symphonie, plutôt surprenant compte tenu de ce qui se passe à l’écran mais très efficace. Et puis bien sûr, quelques morceaux constituent une bande son avec plusieurs clins d’œil bien vus. Et puis, je le répète, Sweet Dreams (Are Made of This).


Les décors sont dans l’ensemble correctes comme toujours, même si ceux en CGI semblent parfois très faux (je pense notamment à la scène dans le port ou l’intérieur de la pyramide à la fin). Comme dit plus haut, on regrettera cette absence d’ancrage dans l’époque, mise à part pour 2-3 scènes. Seuls les costumes de Magneto, ou des X-Men à la fin sauvera un peu l’ensemble, faisant clairement référence aux comics.


Les effets spéciaux sont aussi au rendez-vous, même si là aussi y’a quelques couacs, mais rien de bien dramatique. C’est en tout cas déjà bien plus beau que lors des premières bande-annonces, qui étaient très moches. Le générique notamment, bien que très numérique (on a l’impression de voir un film qui a 20 ans), est quand même une idée assez chouette (cette sorte de fresque temporelle, bien vue). Pour ce qui est de la mise en scène, Singer sait filmer son histoire mais manque toujours à vraiment la transcender, sauf lors des quelques scènes citées plus tôt. C’est classique dans l’ensemble, quelques bonnes idées ici et là.


Bref, X-Men : Apocalypse n’est pas une déception, principalement parce que l’attente n’avait pas était vraiment suscité. Ce troisième opus souffre d’un manque de transcendance dans l’intrigue, ce petit truc qui nous transporte vraiment dans l’histoire, mais également d’une intrigue vraiment intéressante à suivre, ou cet ancrage dans son époque. Avec un meilleur méchant, un montage plus cohérent et une intrigue qui se disperse moins, il aurait pu prétendre à mieux. La fin pose les bases pour une suite qui peut s’avérer intéressante mais reste à voir ce qu’ils vont en faire.

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le 7 juin 2016

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vive_le_ciné

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