Quatrième film de la saga rebootée en 2011 avec le très bon First Class, Dark Phoenix a souffert d'une production calamiteuse, coincé entre un studio dépassé par ses sorties et la volonté de son scénariste-producteur-réalisateur de rattraper ses erreurs sur le pathétique Affrontement Final (dont Dark Phoenix en est clairement le remake), soit la seconde adaptation de l'arc du Phénix Noir imaginé par Chris Claremont et John Byrne au début des années 80.
Des acteurs en fin de contrat, des reshoots faisant suite à une projection-test désastreuse, un troisième acte complètement réécrit, une sortie repoussée à presque un an... Le film ne sentait pas très bon et au final, si tous ces changements ne se voient pas forcément à l'écran, ils se font néanmoins ressentir tant l'ensemble a l'air bâclé, précipité, simpliste. Car outre un manque évident de direction artistique et de punch (les scènes d'action se comptent sur les doigts de la main), nous avons affaire à une histoire terriblement ennuyeuse, peu aidée par des dialogues vains et des acteurs fatigués, Jennifer Lawrence et Michael Fassbender en premier.
Censément retardés pour être plus organiques ou on ne sait quoi, les effets visuels n'ont rien d'extraordinaire et semblent servir un scénario acheminé laborieusement, écrit à la truelle sans aucun sens du rythme. Les enjeux dramatiques sont présents mais mal exploités, comme si le film se dépêchait de se finir pour laisser la place à un nouveau reboot imminent de la saga. Que ce soit le deuil d'un X-Man et les répercussions survolées que cela entraîne, l'énième changement de veste d'un antagoniste, les motivations primaires d'autres personnages et la mise à l'écart de l'équipe (vous savez, celle du titre), on sent clairement le manque de profondeur et d'originalité qu'endure le film.
Quasi-remake du film de Brett Ratner, empruntant bon nombre de scènes "iconiques", Dark Phoenix réussit l'exploit d'être le film X-Men le plus anecdotique voire le plus rasant car trop sérieux et jamais fun, Simon Kinberg n'arrivant visiblement pas à adapter l'un des arcs les plus passionnants du comics, incapable de gérer la tension dramatique nécessaire et l'univers interdimensionnel inhérent à son histoire. Reste une séquence d'introduction dans l'espace pleinement réussie qui met enfin en valeur la X-Team et l'utilité de leurs pouvoirs ainsi que la bande originale de Hans Zimmer, unique véritable surprise d'un long-métrage raté et incroyablement oubliable.