Moche
Ce troisième opus est catastrophique. C'est clairement raté et Brett Ratner, qui remplace un Singer trop occupé avec Superman Returns, prend l'initiative de faire n'importe quoi. Cette clôture de la...
le 23 mars 2015
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Après le succès massif d’X-men 2, la Fox compte bien exploiter la franchise une fois de plus. Problème : le projet patine, manque de clarté, et Bryan Singer décide en juillet 2004 de partir bosser sur un reboot de Superman : Superman Returns avec la Warner, considérant le projet plus abouti que celui d’X-Men 3.
Avant que Singer ne parte, il avait rapidement esquissé quelques idées avec les scénaristes Dan Harris et Michael Dougherty, eux aussi parti sur Superman Returns, incluant le retour de Jean Grey ou encore l’apparition d’Emma Frost en tant qu’antagoniste aux cotés de Magneto. Des idées qui doivent être peaufinées et rapidement, car la date de sortie est déjà fixée pour début mai 2006 soit à peine deux ans de battement depuis le départ de Singer.
Qu’à cela ne tienne. La direction de la Fox n’ayant aucune envie d’attendre qu’il ait fini son Superman, dresse une liste de prétendants : Joss Whedon, Rob Bowman, Alex Proyas (qui refusa après avoir eu des relations houleuses avec le studio lors de la production d’I,Robot), mais aussi Zack Snyder, alors occupé sur 300 ou encore Peter Berg. Février 2005 soit moins d’un an et demi avant sa sortie, le projet est enfin officialisé avec un nouveau réal à la barre : Matthew Vaughn.
Ce dernier engage entre autres Kelsey Grammer et Vinnie Jones pour le rôle du Juggernaut, et parvient à repousser la date butoir de trois semaines. Hélas des raisons personnelles l’obligent à son tour à se retirer du projet avant qu’un tournage puisse débuter. C’est finalement Brett Ratner, réalisateur des prolifiques Rush Hour 1 et 2, qui héritera officiellement de la lourde tâche de succéder à Singer le 5 juin 2005, soit moins d’un an avant la sortie d’X-Men 3. Brett Ratner ne connaît malheureusement pas beaucoup la franchise et, contrairement à Singer avant lui, n’aura pas le luxe de se plonger dans des lectures en étant parachuté aussi in extremis dans le projet, le forçant à se reposer intégralement sur ses scénaristes.
Coté scénario donc, Hayter laisse sa place à Simon Kinberg, alors scénariste derrière xXx et Mr & Mrs Smith et futur habitué de la franchise puisqu’il sera également l’auteur des scénarios de DoFT, Apocalypse et enfin de Dark Phoenix qu’il réalisera également. En revanche Zak Penn, déjà présent sur le scénario d’X2, rempile.
Les idées de départ sont retravaillées, et les scénaristes en profitent pour repiocher dans les idées abandonnées des deux premiers films : le Fauve peut ENFIN être incorporé à l’histoire, et il sera interprété par Grammer. On incorpore également la Salle des Dangers, une idée qui trônait depuis X-2. Un autre challenge fait face à nos scénaristes : X-Men Origins Wolverine est lui aussi en développement, si bien que tous les persos désirés ne doivent pas être des doublons. À force de réécritures, le perso de Diablo qui devait normalement revenir, finit par être purement supprimé. Tout ça en bataillant avec les exécutifs de la Fox qui voulaient se débarrasser de l’arc du Phoenix, préférant que l’intrigue se concentre sur le remède et considérant que c’était un leitmotiv suffisant pour un conflit entre Magneto et le X-Men.
Le tournage débute en aout 2005 pour s’achever en janvier 2006. Les effets spéciaux ont parmi leurs missions celle de rajeunir numériquement Patrick Stewart et Ian McKellen de 20 ans mais aussi celle de partiellement détruire et faire flotter le pont du Golden Gate. Ratner, fan du boulot de John Powell sur The Bourne Indetity, l’embauche et le charge de composer la BO du film, vraisemblablement à quelques mois de sa sortie.
Au sortir de cette production chaotique et rapide, le budget englobé s’élèvera à près de 210M$. Une enveloppe sommes toutes standard pour les blockbusters de notre époque mais en 2006, c’était indécent et seuls Titanic, Pirates des Caraïbes 2 et une petite poignée d’autres films avaient la prétention d’avoir pu coûter si cher. On parle de près du double du budget alloué pour X-Men 2. D’autant que tout cela découle sur un film étonnamment court, le runtime n’excédant pas 1h45, générique de fin inclus.
Tièdement accueilli par la critique comme le grand public, le film parviendra toutefois à rentrer dans ses frais en plus de réaliser le meilleur score de la trilogie dans le monde.
Alors… X-Men 3 ça raconte quoi ? Ça vaut quoi ?
Depuis les évènements dramatiques d’X-Men 2 ce qui est certain, c’est que les choses ont quelque peu changé. En effet, si l’école des mutants demeure encore assez discrète pour d’évidentes raisons de précautions, les mutants sont devenus une question sociale bien moins taboue, à tel point qu’un mutant a même intégré la Maison Blanche : le Fauve, conseillant directement le président des États-Unis.
Mais ça n’est pas suffisant, car Magneto est toujours un danger en fuite et surtout : un antidote fonctionnel permettant d’annuler les pouvoirs de n’importe quel mutant a été développé. Un remède qui ne manque pas de provoquer des tensions, entre les personnes convaincues que ça sera inévitablement transformé en arme, ce qui nécessite des actions, et celles qui entrevoient la possibilité d’avoir une vie normale ou du moins, sans pouvoirs.
Alors que toute cette agitation ne suffisait pas, Jean Grey refait surface, mais elle ne semble plus tout à fait elle-être...
Ado j’en étais ressorti gonflé à bloc, les scènes d’action m’ayant amplement satisfait. Mais le reste avait un goût définitivement différent des deux premiers films. J’avais ressenti l’histoire rushée et pleine de trous scénaristiques du haut de mes 13 ans. Mais je m’en fichais car le film parvenait sans trop de peines à me divertir et avait la politesse de ne pas trop nous en demander en bouclant son spectacle en tout juste 1h45. J’ai finalement grandi en gardant beaucoup de sympathie à l’égard de ce troisième opus souvent décrié et décris comme un des pires opus de la franchise, et su à quoi m’attendre avec ce revisionnage. Mais avec « l’expérience » et plus de background, difficile de ne pas voir les (parfois très grosses) lacunes de ce film et de tracer les raisons de leur existence.
Pour le public de 2006, c’était quand même la surprise. Si on a envie de croire qu’on retrouve les mêmes graines sérieuses avec son ouverture au ton relativement dramatique, la différence d’écriture se remarque dès qu’on passe le titre du film. Avec une assiette remplie de punchlines d’entrée de jeu et une subtilité réduite à néant comme le « cours » de Xavier qui parle… du choix entre le bien commun ou la destruction quand on a un immense pouvoir, le fruit du travail en catastrophe de Ratner comme des scénaristes brille de mille feux vacillants, et comme il ne faut surtout pas perdre de temps, la création de conflits successifs ne manquera jamais de paraître relativement artificielle. Parmi ces conflits, on peut évidemment parler de Jean Grey, ramenée d’entre les morts sans grand génie ni explications et qui, par une pirouette dénuée de dialogues car les scénaristes n’avaient probablement pas le bénéfice du temps avec eux, supprime du film un des persos préférés des X-Men, lui qui n’avait déjà pas tant eu l’occasion que ça de briller.
Heureusement on peut enfin compter sur un des nouveaux venus, Le Fauve, très bien interprété par Kelsey Grammer, qui brille par son charisme diplomatique et un ajout parfaitement réussi à la franchise, pour légèrement rehausser le niveau. Dommage cependant qu’il soit un peu abandonné en cours de route pour ne reprendre de l’importance qu’au combat final.
Les dégâts se voient jusque dans les arcs les plus éloignés.
Déjà que Malicia était un perso fatiguant à supporter, ici elle est sacrifiée sur l’autel du ridicule en héritant d’une écriture encore plus mauvaise, réduite en pimbêche colère de pas pouvoir rouler des galoches à son keum, qu’elle réduit tout naturellement à un tas d’hormone qui sauterait sur la première fille venue alors que bon, de toute la trilogie Bobby est probablement un des persos les plus gentils et bien intentionnés de l’école (son arc romancé avec Kitty sera cependant bien superficiel). Personnage pourtant essentiel au premier film, elle a progressivement perdu sa place dans la franchise jusqu’à cet opus où elle ne vit qu’une très maigre intrigue parallèle démarrant par ce faux conflit avec Bobby. On peut deviner sans peine que tout cela devait être beaucoup plus étoffé mais faute d’un scénario correctement épuré, on se retrouve avec des bribes par-ci par-là, maladroitement scotchées pour former les sous-couches narratives de ce X-Men 3. Car les deux arcs narratifs principaux, le remède et Jean Grey, on déjà fort à faire, et ça n’est pas bien propre. Disons plutôt que ça n’a pas la même fluidité que dans les deux premiers films, allant un peu trop à l'essentiel, et que le film souffre de dialogue vraiment moins soignés.
Ça se répercute notamment sur le Professeur Xavier, Pyro, Bobby ou Mystique mais aussi sur d’autres nouveaux venus comme Angel ou Kitty Pride, et la grande perdante, compte tenu de son importance, c’est bien Jean Grey. Si Famke Janssen est enfin appréciable dans le rôle en cabotinant juste ce qu’il faut, l’écriture est vraiment sabotée à cause d’un rythme qui ne lui donne pas le temps de peser en termes d’enjeux. Résultat : on la retrouve vite, on la voit vite agir bizarrement, on la voit vite partir en vrille, on la voit vite plus faire grand chose, et finalement c’est presque la fin.
C’est un détail ridicule mais l’ajout des « classes » de mutants, jamais mentionnées dans les deux précédents opus, c’est un de ces ajouts superficiels qui n’apportent pas grand chose au récit, sauf peut-être pour nous faire comprendre que Jean est désormais aussi puissante que Xavier sinon davantage, et qui sont des exemples d’un projet qui n’a définitivement pas eu droit à suffisamment de temps pour être mieux pensé.
Le film aurait gagné à être plus développé, plus long, moins con, moins incohérent.
Mais ça veut dire que le film est à jeter, non ? Je ne fais que pointer des défauts depuis tout à l’heure.
Eh beh ça va être plus compliqué que ça, parce qu’avec les moyens dont cette seconde suite a bénéficié, nous avons bien droit à un spectacle visuel toujours très plaisant à apprécier 15 ans plus tard.
Rien que cette courte et pourtant jouissive scène de l’attaque du camion-prison par Magneto pourrait justifier ce The Last Stand. Nous parlons de mutants dotés de pouvoir parfois extraordinaires. Le premier film peinait à réellement les mettre en valeur, le second s’en sortait bien mieux, mais là c’est le festival même si une fois encore, c’est à Magneto que reviennent les scènes les plus marquantes du film entre cette fameuse attaque et, bien évidemment, la scène du pont.
Rebelote : on revoit la scène ça ne nous semble peut-être plus aussi impressionnant que ça. Mais à l’époque qu’est-ce que cette scène avait plu et franchement, rien n’a changé. Je suis à nouveau resté bouche bée tel le môme que j’étais devant ce passage visuel absolument croustillant et tant pis pour l’immense trou scénaristique qui l’accompagne, permettant à la nuit du dernier acte de se téléporter sur place alors qu’il faisait jour 15 secondes plus tôt, ou même les SFX qui n'ont pas parfaitement tenu face aux affres du temps, surtout les effets de fumée.
Je pense même que le passage avait impressionné Singer, car celui du stade dans DoFT est pour moi sa réponse directe, comme pour dire "GG les gars, mais je vais vous montrer qu'on peut faire encore mieux".
Aussi, j’aime beaucoup la BO de cet opus, si bien qu’elle permet de rendre bon nombre de passages médiocres plus appréciables. J’ai également toujours grandement apprécié le thème principal et je dois admettre qu’il demeure encore à ce jour un de mes thèmes super-héroïques préférés.
Autre plaisir coupable : Vinnie Jones. Ce mec me fera toujours rire avec son tempérament de sportif coké, et même si ça souille quelque peu le personnage qu’il est censé interpréter, c’est également le cas ici. Je savoure presque chacune de ses interventions.
Bien que le ton du film soit dicté par de trop nombreuses blagues et son scénario rafistolé à la va-vite, il parvient malgré tout à retrouver une certaine gravité, je pense par exemple à cet échange non seulement sérieux mais également loin d’être bidon entre Hank et le président, tous deux voulant trouver un point d’équilibre mais conscients que leurs positions quasi politiques les en empêchent, sans parler d’une des rares fulgurances à l’écriture lorsque le président déclare avoir peur pour la démocratie le jour où la pensée d’un seul homme pourra faire bouger des villes alors qu’il vient tout juste de pousser le premier domino d’une série de mauvaise décisions qui viennent toutes de lui, et Hank de rétorquer « moi aussi ». Sans oublier un des points de chute principaux du film, mêlé dans un passage plus kitch qu’autre chose, mais qui, à ce moment précis, parvient à me prendre aux tripes grâce à la musique de Powell.
La bataille finale a, comme le reste, pâti avec les enjeux toujours plus gargantuesques des films de super-héros plus récent mais, pareil que pour beaucoup d’autres éléments, au moment de sa sortie c’était un concentré d’action assez impressionnant. Ça se concentre évidement sur la petite poignée de persos principaux, mais le spectacle pyrotechnique était au rendez-vous, et la bataille s’est permise d’accorder ne serait-ce qu’une micro-séquence épique pour chacun des protagonistes.
Les effets spéciaux ont drôlement bien tenu la route à l’exception de la scène d’intro (mais qui divisait déjà pas mal à l’époque) et de la tête de Sentinelle arrachée par Logan pendant la simulation. Le reste, type les ailes d’Angel, les effets d’éléments comme l’eau, la glace, le feu et bien entendu tout ce qui touche de près ou de loin aux pouvoirs de Magneto, c’est encore vraiment très convaincant.
À noter que les thématiques liées à la franchise sont abordées sous un autre angle ici. Un angle intéressant au demeurant mais trop frileux comparé à l’approche on ne peut plus explicite du premier mais surtout du second. Alors que les questions étaient d’ordre identitaire et soulevaient auprès des humains craintes, méprises et doutes, on assiste à une forme d’escalade avec ce remède et la dimension médicale/sanitaire des mutations que cela pourrait impliquer. Sauf que ça ne va jamais très loin, n’étant surtout qu’un prétexte pour Magneto de s’insurger.
Que dire donc pour conclure tout ça ?
Le film possède une petite pléthore de défauts, découlant tous ou presque d’une seule et même chose : un studio trop pressé de respecter la date de sortie, ce qui a impacté l’écriture, forçant les scénaristes à pondre et tailler dans le papier un film comme ils ont pu afin de livrer quelque chose dans les délais, quitte à y mettre davantage de moyens financiers, quitte à produire un film bien plus court que la moyenne.
Et c’est très exactement ça : un film foutrement bancal sur sa construction, sur son utilisation de divers persos tout au long de l’intrigue, sur ses sous-arcs et sur son alternance entre les tons, mais qui ne manque finalement pas d’être généreux en étendant le lore, en introduisant des persos que nous attendions depuis le tout premier film, en nous délivrant quelques scènes d’action épiques, en mêlant malgré de grosses facilités deux fils narratifs distincts dans un film qui ne nous ennuie pas, avec une toute petite touche de kitch (la baston de milieu de film notamment) et d’humour (que je suis toutefois loin d’apprécier dans sa totalité), le tout serti par une musique qui me plait encore vraiment beaucoup.
On est donc sur un petit plaisir coupable des familles.
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Créée
le 26 oct. 2021
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