Presque six ans que ce film est sorti et qu’il m’avait régalé. Je n’y suis pas vraiment retrouvé depuis, gardant un très bon souvenir. Qu’est-ce que cette deuxième séance m’a apporté ? Tout simplement confirmé qu’il s’agit sans doute du meilleur film issu du catalogue Marvel à ce jour.
Le film affiche même pas 2h de durée, et pourtant il nous propose une histoire incroyablement dense et riche qui réussit parfaitement à jongler entre son intrigue sur fond de crise de Cuba, les relations entre personnages et l’action des films de super-héros. Tout est parfaitement dosé et équilibré, donnant ainsi un ensemble réussi. Alors bien sûr, on aura quelques personnages secondaires pas vraiment utiles (Darwin sacrifié au bout de 5 minutes, Angel sans réel intérêt, ou le mec avec les tornades qui n’a même pas droit à une ligne de dialogue), mais ce sera assez marginal au final et les autres personnages auront droit à un traitement vraiment intéressant.
Bien sûr, le cœur même du film reposera sur Magneto et Charles Xavier, que ce soit dans leur propre développement au cours de l’intrigue, où chacun suivra une quête différente selon son propre passé, mais bien sûr aussi dans leur relation. L’alchimie fonctionne à merveille et on voit clairement le lien fort et intrinsèque qui unit les deux personnages. Le film réussit parfaitement à retranscrire cet aspect que plus que des ennemis, ou même Némésis, Charles et Erik sont avant tout des amis de longues dates, qui se comprennent et se connaissent parfaitement, mais qui ont une vision du monde non pas différente, mais complémentaire. Les deux face d’une même pièce, et c’est tout symbolique que cela rejaillit avec une pièce justement. On sent beaucoup que le film dérive du projet de film Magneto : Origins, notamment dans sa première partie où les scènes avec Erik sont d’une rare intensité.
Si le cœur du film est les relations entre personnages, ce n’est pas seulement par celle qui unit Erik et Charles. On a également le triangle formé avec Raven, qui se sent déchirée entre ses deux univers dans un monde où elle ne se sent pas à sa place. On a également cette relation entre Raven et Hank, une romance naissante basée sur leur différence commune ; mais là aussi, on sent deux approches complémentaires. Il y a également le lien que Charles entretien avec ses nouveaux élèves, qui apprennent à maîtriser leurs pouvoirs mais lui-même apprend à être professeur. Et puis bien sûr, il y a certes relation entre Erik et Shaw, qui constitue le fond de l’intrigue global et l’origine de la quête d’Erik au cours du film. La rencontre finale cristallisera ainsi tout ce qui a été développé tout au long du film pour qu’on découvre enfin le Magneto que l’on connait tous.
Outre ses relations, le film propose une intrigue vraiment passionnante. Comme je l’ai dit, elle est parfaitement équilibrée et l’idée de mélanger si bien évènement historique, action, thriller politique et super-héros tient presque du miracle. On frôle certes parfois un peu le caricaturale, mais justement cela constitue une force du film : cela crée cette ambiance si particulière qui en fait vraiment un film des années 60, que ce soit par la façon dont la CIA est décrite, les réactions des militaires, le coup du sous-marin comme base secrète… Tout ça donne un côté un peu vieux films d’espionnage des année 60, à la James Bond. Ce sera sans doute le film de la franchise qui ressemble le moins à un film de super-héros, mais il en détient néanmoins tous les ingrédients. Et c’est ce subtil mélange qui fait que ça fonctionne si bien.
Pour le casting, très peu de surprise. Bien sûr, Fassbender et McAvoy survolent littéralement l’ensemble, avec des prestations grandioses et faisant honneur aux légendes qui les ont précédés. L’alchimie entre les deux fonctionnent à merveille, et chacun propose quelque chose qui reste cohérent avec l’ensemble tout en s’appropriant le personnage. Kevin Bacon se régale comme antagoniste principal, épaulé par une mystérieuse January Jones et un Jason Flemyng effrayant.
On aura également une Jennifer Lawrence déjà impériale à une époque où elle n’était pas une star internationale, on sent encore une certaine jeunesse et naïveté dans son jeu dans la première partie, avant d’évoluer complètement. Idem pour Nicholas Hoult, créant ainsi une belle alchimie entre les deux. Rose Byrne se retrouve dans un rôle plutôt intéressant, aussi bien dans son implication que dans le regard que lui porte les autres. Caleb Landry et Lucas Till endossent là aussi plutôt bien leurs rôles. On retrouvera quelques têtes connues du côté des rôles secondaires (sans oublier le best cameo ever) pour des prestations sympas.
Techniquement, le film s’en sort admirablement bien. Si les effets spéciaux sont toujours aussi impressionnant, on commence quand même à sentir que les moyens alloués étaient limités et que ça commence à vieillir un peu. Mais d’un autre côté, ça renforce un peu le côté années 60 du film, donc ce n’est pas plus mal. À l’image de l’histoire, la musique d’Henry Jackman sera à part au sein de la franchise, avec plusieurs nouveaux thèmes marquants et très efficaces : celui des X-Men qui transpire espoir dans l’avenir et excitation de la découverte ; contre celui de Magneto, qui surfe entre vengeance, rancœur, bonté et destin dramatique. Extrêmement puissant.
Les décors sont également dans le ton pour créer cette ambiance si particulière. Quant à la réalisation, Matthew Vaughn reste dans le cahier des charges du genre, proposant néanmoins plusieurs scènes d’une grande intensité (principalement centrée autour de Magneto). Très grande intelligence dans l’exécution, et un montage qui fait beaucoup pensé à la pagination des comics par moment.
X-Men : Le Commencement est non seulement un très bon film de super-héros (le meilleur Marvel, comme je l’ai déjà dit), mais également un très bon film dans son ensemble. Il réussit à être parfaitement équilibré, s’attarder à la fois sur ses personnages et l’intrigue même du film pour donner un corpus cohérent, fluide, passionnant et extraordinairement riche. Une réussite !