Après le désastre de Brett Ratner et l'épisode de Derrick surfriqué de Gavin Hood, on pensait la franchise X-Men perdue dans les limbes de la médiocrité...
Eh bien force est de constater que oui.
Pourtant on se met à y croire...
L'ouverture reprend jusqu'à la partition géniale de Michael Kamen, le rétro-design fonctionne à merveille ( années 60 oblige ) l'alchimie entre McAvoy et Fassbender est évidente, Kevin Bacon makes everything better...
On se sent comme devant Big Fish après la Planète des Singes. C'est tellement infiniment mieux qu'on est prêt à vibrer de nouveau. Sauf que... Si on compare Big Fish aux autres Burtons plutôt qu'à cette connerie de Planète des Singes, il pâlit de honte.
X-Men First Class est jonché de maladresses intersidérales qui plombent le film à intervals réguliers.
Comme lors de la rencontre entre Kevin Bacon et les jeunes mutants : "Je suis le MECHANT ! Qui veut venir avec moi ?
- JAMAIS !
- Moi si, je veux bien...
- Pourquoi ?
- Chais pas. Je le sens, c'est comme ça. Je suis une adolescente, faut pas trop m'en demander...
- Mais on s'amusait bien ensemble il y a trois minutes !
- J'ai un tatouage, je suis une bad-girl.
- Ah merde."
Ce genre de raccourcis scénaristiques me laisse les yeux tout ronds et la mâchoire sur mes genoux. Comment peut-on sérieusement demander à son public de s'engager émotionnellement dans une lutte des 'class' quand on ne croit même pas aux décisions des personnages ??
Le moment le plus flagrant étant Mystique qui rejoint Magneto...
Xavier : "Ouais, je sais qu'il m'a mis une balle dans le cul, mais tu vas le rejoindre, il m'est toujours sympathique, ce foutu Nazi."
Sans déconner, les gars ??
Mais là où le film se met à salement chier dans la colle c'est dans les vingt-à-trente dernières minutes, qui ne valent rien de rien.
Il y a cette gigantesque scène qui cherche à entremêler actions extravagantes de mutants et exposition, comme l'avait si brillamment fait Le Retour du Jedi, mais le rythme est flingué, les petits bouts d'action semblent interrompre l'intrigue plutôt que de lui donner du souffle, et à nouveau les prises de décisions défient la raison.
Magnéto : "Je hais les Nazis, je vous conchie tous autant que vous êtes et je n'hésite pas à vous éliminer dès que l'occasion se présente. Mais je dois reconnaitre que votre politique extérieure a du bon, et je vais la reprendre à mon compte toute la vie !"
On en arrive au nœud du problème, le point de non-retour qui achève de faire de ce film bancal un film médiocre, l'affrontement final entre Xavier et Magneto terrifiera tous les politologues pour des générations et des générations. Démonstration.
Magnéto : "Les Nazis avaient raison ! Il faut tuer les êtres inférieurs. Mais ils se sont trompés quand ils ont visé les Juifs, il fallait tuer TOUT LE MONDE !"
Xavier : "Non, tu te trompes lourdement. Il ne faut pas les tuer : il faut les DOMINER PAR LA PENSEE !!"
Quoi ? Sérieusement c'est ÇA le défenseur de l'humanité, un fasciste de merde ? UN FASCISTE DE MERDE !?
Tout le travail discret des analogies de Bryan Singer sur ses deux épisodes ( Martin Luther King vs Malcom X, ou l'axe de lecture homosexuel dans X2... ) est balayé au profit d'un choix Cornélien dont le manichéisme n'est plus à prouver : Adolf, ou Benito ?
Finalement c'est Brian Cox qui avait raison dans X2 : il faut tuer tous les mutants à la naissance, et tout ira mieux. Quitte à être un gros Nazi...