Je crois que c'est la première fois que je chronique un film des ZAZ. Curieux. Notamment parce que j'ai été biberonné à cet humour absurde, ce compère de l'exagéré. Il est difficile d'aborder ce genre de film, parce qu'il n'y a pas grand-chose à dire, véritablement. En matière d'humour en général, les discours ont bien du mal à décrire et expliquer le comment du pourquoi. Si l'on y réfléchit trop, ça bande mou à la longue. S'il est une chose qui s'explique mal, c'est bien humour.

Et celui de toute cette génération d'auteurs frappadingues, élevée avec le magazine "Mad" en perfusion, est encore plus compliqué à traduire. Parce que s'il ne s'agissait que d'absurde, ce serait trop facile, mais surtout trop injuste.

Jerry Zucker, Jim Abrahams et David Zucker, trio magnifique, s'est adjoint ici la collaboration dans l'écriture de Pat Proft. A quatre, ils nous ont pondu là un film tout aussi pléthorique en gags que dans la série "pilote dans l'avion". Issu de la série télé du même nom, "The naked gun", ce scénario est une réjouissante accumulation de gags directs, physiques, quelques fois en arrière plan. Tous les sens de l'humour y sont convoqués : l'humour noir, le sexe, le gras, la clownerie, le burlesque, la satire presque politique, etc.

Le film va au bout de toute ses logiques. Plus c'est gros, mieux ça passe. Étirant le fil de chaque situation jusqu'à en rire, forcément. Le film est tellement touffu de drôleries qu'on en loupe et qu'il faut le revoir, et le revoir encore, pour découvrir toutes ses aspérités.

Cette série a les défauts des suites : le premier est souvent le meilleur et les épisodes se succédant perdent en pertinence. Ce premier chapitre est donc tout frais, intense. Les auteurs semblent fourmiller d'idées et le scénario est une boule d'électricité, multipliant les propositions avec un dynamisme et une percussion qui annihilent toute velléité de bailler chez le spectateur. On ne s'ennuie pas un seul instant! On suit cette histoire abracadabrante avec intérêt, alors qu'il n'y a pas le moindre élément suscitant un véritable suspense. On se fout de l'intrigue, on a juste envie de suivre le parcours du personnage principal Frank Drebin, qui n'est que prétexte à rire. Tout est extrêmement balisé, justement pour pouvoir mieux en rire. C'est le propre de la parodie.

En cela il ne faut pas négliger de souligner l'importance de Leslie Nielsen. L'acteur trimbale un visage tantôt grave, tantôt grotesque et parvient à devenir sympathique, malgré toute la dose d'irréel qui l'entoure. Il fallait un comédien confirmé, doué d'un bon sens de la dérision ainsi que d'un bon capital sympathie aux yeux du public pour réussir à rendre attachant ce personnage incroyable. Leslie Nielsen y arrive haut la main.

Face à lui je confesse que Priscilla Presley me paraît un peu grise. C'est dommage, ce manque de personnalité sur un personnage aussi important dans l'histoire. Mais c'est difficile d'être drôle devant une caméra. On sent qu'elle essaie, elle arrive à donner la réplique de façon correcte alors qu'on rêverait d'une véritable densité comique.

Tant pis, pas grave, Leslie Nielsen fait un boulot de dingue, assis sur un scénario fantastique des ZAZ et c'est déjà époustouflant qu'un spectacle d'humour ne perde pas sa puissance au bout de 10 revoyures. Un classique qui se bonifie même au fil du temps.
Alligator
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le 29 nov. 2012

Modifiée

le 17 déc. 2013

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Alligator

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