8-9-3 : combinaison maudite

Bonne surprise que ce gangster movie précoce dans la carrière de Nakajima, un réalisateur de la Toei dont la carrière se résumera surtout à des films de yakuzas et des chanbaras. Dans une ville de Kyoto en plein boom, trois petits escrocs (dont Hiroki Matsukata, une gueule de voyou bien connue des aficionados du genre, dans l'un de ses premiers rôles) recrutent une équipe d'amateurs en vue de monter le gros coup qui leur permettra de sortir de la galère. Lorsqu'ils parviennent enfin à détourner un chargement sensible dont ils comptent tirer un butin confortable, ils sont rattrapés par de vrais yakuzas qui n'ont pas l'intention de se laisser doubler par des néophytes.

Malgré un casting de seconds rôles, Nakajima nous offre une galerie de personnages plutôt sympathiques et bien incarnés. Leur histoire prend bien et chaque scène recèle de petites touches humoristiques. C'est léger et divertissant, je dirais presque insouciant. Pour autant le film passe quelques messages à portée plus politique et revient plusieurs fois sur les conséquences de la guerre, se livre à des commentaires sur la démocratie, les aspirations de la nouvelle génération... En cela on retrouve une approche très Nouvelle Vague. Comme dans la manière très libre de filmer dans les rues de la ville. La modernité est d'ailleurs un fil conducteur dans le film, le tout récent shinkansen traverse le cadre à plusieurs reprises, on voit des infrastructures modernes en construction, etc. Impossible de ne pas le comparer aux premiers films de Fukasaku comme Gangsters en plein jour ou Gyangu Dōmei. Malgré quelques défauts de jeunesse, un film très dynamique et entraînant beaucoup moins naïf qu'il n'y paraît. Prometteur.

[6,5/10]