Ce film pourrait être perçu comme beau esthétiquement mais un peu ennuyeux. Pourtant, Kazunari Takeda est un très bon cinéaste alors j’ai donc vu le film d’Antonioni dont il serait inspiré en partie (Chronique d’un amour 1950) pour comprendre ce qui a pu le marquer, suivi le périple des personnages sur l’île volcanique de Miyake-jima et essayé de comprendre les allusions au Scandale Ejima-Ikushima ou à la chanson populaire Ue o muite arukō. Alors que les relations entre les trois protagonistes sont fortes et que la photographie du film est superbe, la force du fil est amoindrie par l’importance prise par l’île de Miyake-jima. Cette ballade touristique permet certes des plans somptueux, mais vient phagocyter l’intrigue principale. Et pourtant, le thème est fort, peut-on aimer quand celle qui a été aimée n’est plus là ? L’incohérence des sentiments, le poids de la culpabilité, les liens amitié-amour, la frustration sexuelle et le désir, le sexe et la mort, les relations triangulaires, leur ambiguïté et leur harmonie, tout cela, Takeda l’explore à la hauteur des « petites gens » pour en faire un propos universel. Yuki Kazamatsuri est comme à son habitude, magnifique en Meiko dans l’évolution de son personnage, frustrée, fragile, amoureuse, jalouse, coupable et épanouie. Reiko Natsu en Ayako offre un pendant à la fois plus fort et plus fragile poussant à l’extrême le lien entre Eros et Thanatos. Quant à Mimi Sawaki, la jeune fille de l’île, elle n’aura été qu’un point éphémère d’un triangle cassé. Même les hommes sont ici intéressants : Osamu Tsuruoka (Keisuke Honma) homme à femmes, goujat et désespéré d’être seul ainsi que Toshiyuki Kitami en suicidaire et bon vivant (déjà remarqué dans Nozoki). Réalisation, scénario (de Sumihiko Takai), rythme, couleur, cadrage, bande-son, tout est impeccable. Certaines scènes sont magistrales. Quel dommage d’avoir rajouter un dépliant touristique sur l’île de Miyake-jima (même si cela donne envie d’y aller) !