Mission Impossible aurait été plus divertissant

Je crois que le souci principal de Yannick c'est qu'il m'a été totalement survendu et que j'en attendais pas mal, faisant partie de ceux qui ont aimé les derniers Dupieux et qui ont adoré Raphaël Quenard dans Chien de la casse (entre autres).

Et oui c'est bien Yannick, oui ça aborde de manière pas trop conne les relations public/artiste, oui Quenard est bon dans le film, oui le concept du piratage de la pièce de théâtre est sympa, mais bon pas de quoi non plus se taper le cul par terre. Disons qu'il n'y a rien dans la réflexion abordée qui semble fondamentalement original, pas qu'elle soit inintéressante, mais la question du mec qui pose son jour de congé et qui veut juste un peu de baume au cœur en allant au spectacle on la connait. Disons que c'est un peu un film sur la citation d'Orson Welles : “Un bon film c'est celui qui vaut le prix du ticket, du restaurant et de la baby-sitter.”

Le seul truc sur la question qui est vraiment bien trouvé finalement c'est que ceux qui défendent l'art face à ce public mécontent c'est des acteurs qui jouent dans une pièce de vaudeville absolument banale. Mais j'ai plus l'impression que c'est pour aborder la question de l'artiste qui se retrouve à faire des projets nuls bien loin de ce qu'il espérait au départ et qui se rend bien compte que c'est pas la folie ce qu'il est en train de faire.

En somme ça permet d'avoir un peu un autre point de vue sur la question que celui de l'artiste torturé incompris du public. Mais, je ne dis ça, je ne dis rien, le dernier film que j'ai vu prenant le parti pris du public décontenancé face à une oeuvre c'était le Redoutable de Hazanabidus... j'espère que Dupieux n'aimerait pas le rejoindre en pensées, ça serait très grave. 🥸

Mais là où tout le monde loue le film c'est sur les acteurs et notamment Raphaël Quenard qui est la nouvelle coqueluche (et à juste titre) du cinéma français. Là une nouvelle fois oui il est bon, surtout si on découvre l'acteur, son phrasé, sa diction, son accent... Son regard de chien fou... Il apporte un réel vent de fraîcheur. Mais j'ai un peu peur qu'il s'enferme dans ce genre de rôle et qu'il finisse un peu par s'autocaricaturer et cabotiner, il mérite bien mieux que ça. J'espère que c'est une crainte infondée.

Bon par contre Pio Marmaï m'insupporte toujours autant, mais là limite c'est voulu dans le personnage d'être insupportable. On est placé du côté de Yannick, ce mec du public qui va expliquer à un "artiste" qu'il fait de la merde...

En plus tout est fait pour le rendre détestable, de ses mimiques à la scène d'inversion de toutes les valeurs où il est parfaitement odieux (d'ailleurs c'est sans doute pour moi la moins bonne scène du film, sans doute car Marmaï vole la vedette à Quenard).

Et c'est sans doute là où Dupieux et Quenard sont forts, c'est vraiment de réussir à axer l'empathie du spectacteur sur le mec qui fait la prise d'otage et qui a pourtant l'air totalement taré.

Et comme de manière quasiment systématique avec Dupieux le film s'arrête d'un coup, quand il n'a plus rien à dire ce qui laisse un peu sur sa faim.

J'étais tellement sur ma faim que je suis resté dans la salle pendant le générique et on m'a viré pour faire passer le film suivant. Bref, en tous cas ça permet de ne pas avoir de temps mort, d'être parfaitement bien rythmé...

Il faut le souligner car ce n'est pas tous les réalisateurs qui se permettent de sortir un film de 1h.

Et je me dois quand même de dire un mot sur le fait que c'est un huis clos et que j'adore ça parce que c'est des films forcément très théâtraux dans l'esprit mais qui doivent briller par la mise en scène pour éviter d'être chiants et que là on a sans doute une des meilleure réalisation de Dupieux à ce niveau là si ce n'est peut-être le plan quasiment final sur Yannick (oui je ne peux pas m'empêcher de critiquer et de dire du mal même quand je tente de faire un compliment, c'est dans ma nature). Disons qu'on est pas au sommet de la subtilité. C'est dommage parce que ça empêche de le spectateur d'être véritablement ému par ce qu'il voit.