Bien foiré
Ce film qui aurait dû me procurer le rire et la réflexion par son concept inhabituel, ne m'a procuré que l'ennui. Très déçu. Au fond, comme Yannick ( Raphaël Quenard ), sauf que lui craque et prend...
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le 29 déc. 2023
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Le désir d’accomplir, au moyen du cinéma, un geste d’anti-cinéma tourné vers la restitution d’une performance pure n’a certainement jamais été aussi présente, chez Quentin Dupieux, que dans ce Yannick, éloge de la simplicité comme caractère où se rencontrent la naïveté risible et l’esprit avisé, où s’exhibent les rouages d’une pièce qu’il faut réécrire en direct, où se dit à voix haute l’inconscient d’un spectateur qui, le temps du spectacle, suspend son jugement mais refuse de quitter le confort rassurant de son fauteuil. Nous pourrions parler de film performatif, dans ce sens où il semble s’accomplir devant une caméra témoin davantage que directrice ; le refus de tout subterfuge de mise en scène dépouille les séquences et nous donne accès au corps et au cœur des comédiens dépassés par des situations qui les touchent pleinement, et non pas engagés dans la répétition du même.
Le long métrage recourt à l’antithèse : il s’empare d’une pièce de théâtre médiocre pour la corriger et susciter le rire par des grossièretés pires encore mais délicieuses parce qu’immédiates ; il choisit la thématique de l’adultère, stéréotype cher aux pièces de boulevard mais aussi à la grande tradition antique puis italienne, pour s’engager dans un hors-piste tonal et générique ; il renvoie une impression d’improvisation alors même que son scénario est parfaitement écrit et suivi, ce qui n’est pas sans évoquer la pratique des canevas dans la commedia dell’arte. Le terme d’improvisation touche peut-être moins juste que celui de variation, plus musical et porteur de la sensibilité de Quentin Dupieux, de son souci de concevoir un anti-film cohérent et autonome, un microcosme musical où l’essentiel est que le texte sonne.
Cette originalité folle, pirate par le sabordage artistique qu’elle suppose, s’apprécie par l’intelligence mais non par les sens ; en cela, Yannick demeure enfermé dans un dispositif qui le contraint à la liberté, qui le bloque dans un chronotope où tout est possible mais où, par la conscience de cette omnipotence, rien n’advient vraiment.
Créée
le 20 juin 2024
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