Yellow Submarine est une belle représentation de la frénésie dans laquelle se trouvaient les Beatles à cette époque-là. Entre psychédélisme, surréalisme, absurde, le spectateur reste malgré tout capté par les images et ce scénario qui permet aussi de se replonger dans leur univers musical. Cette histoire de Radins Bleus promet de beaux moments.
Autant dire tout de suite qu'on apprécie beaucoup plus le film si on connaît leurs morceaux, car ceux-ci prennent une nouvelle dimension grâce à l'image. Certains ne sont que la rêverie des personnages, comme Eleanor Rigby avec Ringo, mais d'autres servent de véritables ressorts à l'histoire, à l'image de Nowhere Man ou le morceau éponyme de Sgt. Pepper. Cependant, le film ne joue pas uniquement sur ce point-là et bénéficie d'un vrai travail, tant visuellement que scénaristiquement.
Naviguant avec le groupe à travers différents lieux comme la Mer du Temps, la Mer de Rien ou la Mer de Trous, on est transporté par l'esthétique parfois simpliste des décors (de simples traits au feutre), mais qui bénéficie d'une imagination foisonnante de conception, que ce soit les monstres et personnages très originaux ou les nombreux séquences musicales "hors-champ" très inspirées. Mention spéciale à la Mer du Temps, avec ces animations horlogères laissant la raison voguer librement dans de hautes sphères, porté par l'excellent When I'm Sixty-Four de Paul McCartney.
Une ambiance étrange se dégage du film, à la fois inquiétante et très plaisante. On s'attache très vite à l'image des membres du groupe à travers leurs pérégrinations, leurs discussions tantôt perchées, tantôt métaphysiques font rire, et les voir évoluer dans ces situations rocambolesques devient assez jouissif. La trame principale n'est qu'un prétexte pour nous en faire voir de toutes les couleurs, au sens propre et figuré. On attend à chaque fin de séquence la prochaine, imaginant les surprises qu'ils peuvent encore nous réserver, car le film fourmille véritablement d'idées géniales et très bien exploitées, comme la maison de Ringo ou encore la mer de Monstres qui est véritablement fluide et palpitante.
Pour couronner le tout, le fan des Beatles trouvera des références innombrables à certains de leurs morceaux dans leurs répliques même, avec notamment A Day in the Life, Getting Better, Fixing A Hole, I'm Only Sleeping ou The Word. En plus de cela, celles-ci s'intègrent vraiment bien dans la narration, et les voir prononcées par les personnages fait toujours sourire.
Finalement, le Yellow Submarine de George Dunning laisse au spectateur un goût sucré, des images colorées et absurdes. Personnellement, je ne pourrais pas oublier la modélisation des visages, que ce soit des Beatles, simples mais terriblement réalistes, ou ceux des Radins et des Monstres, correspondant parfaitement au ton du film.