La simplicité comme poésie
Ce film est une véritable ode à la vie et un hommage non-dissimulé à ce que peut endurer un enfant et jusqu'où celui-ci peut aller pour trouver son petit coin de bonheur.
Bien sûr, tout cela s'est fait avec les moyens de l'époque, c'est-à-dire pas grand-chose. Malgré tout, le film possède une palette de ressources qui valent le détour: un Robert Mitchum angoissant et imprévisible, les jeunes acteurs n'étant pas en reste, la multiplication de plans sublimissimes (et plus si affinités...) tantôt bucoliques, tantôt cloisonnés, qui peuvent être jalousés par un certain nombre de cinéastes actuels, une musique qui vise juste, et surtout une histoire menée par un rythme soutenu, bien que la fin aurait mérité plus d'application.
Je ne peux donc pas laisser dire, décemment, que la 3D réalise des prouesses visuelles et amène une nouvelle réalité chez le spectateur. Ce n'est que de l'artifice, il suffit simplement d'être sincère et doué dans ce que l'on filme pour que l'image soit belle et émouvante. Jouant sur les plans fixes cadrés au millimètre près, le réalisateur fait preuve d'un jeu magistral de tous les instants entre ombres et lumières, dans un noir et blanc exploitant toutes ses possibilités.
Pour finir, attardons-nous sur la tension palpable tout au long du film, insidieuse et réapparaissant même lorsque l'on se croyait à l'abri. Le terrible chant fantomatique de ce psychopathe aux allures de gendre idéal vous hantera un moment, et vous fera redouter le chant du coq.
Charles Laughton réalisait une prouesse avec ce film, qu'il est juste de rappeler. Cela fait parfois un bien fou de revenir à l'essence même du cinéma: un scénario intelligent, des acteurs talentueux, un cinéaste passionné et une musique envoûtante.
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