Victoria vous met au défi. Il vous invite poliment à vous attacher à ses personnages, à vous donner foi en la joie humaine, pour détruire l'une après l'autre les briques de l'espoir qu'il avait bâties dans votre esprit.
C'est un film rare, intense et honnête. Parler du fait qu'il a été filmé en une seule prise serait banal mais je vais quand même le faire. A notre époque de films et séries qui n'arrivent à créer une tension et une dynamique qu'en coupant les plans chaque cinq secondes, Sebastian Schipper donne une véritable leçon de cinéma. On cherche les cuts car on se dit qu'il doit bien avoir un truc donnant cette fluidité angoissante au film, mais il n'y en a aucun. Vous êtes en roue libre. Sur le terrain. Et rien ne viendra vous sauver à part cet engourdissement psychique qui s'empare lentement de vous.
Le scénario est haletant sans être follement original, mais cela importe peu, car il ne déçoit à aucun moment. Chaque scène, chaque geste vous laisse anxieux et inquiet car le comportement de chaque personne peut influencer le destin de tout un groupe. La performance des acteurs, aux lignes grandement improvisées, ne faillit pas. La grande force de Victoria est qu'il prend rapidement des airs de documentaire, vous laissant, impuissant, assister à une suite de mauvais choix qui mènera au chaos.
Laissez-vous embarquer et buvez-le cul sec.