Au début du XXe siècle, une jeune femme polonaise, Yentl, refuse l'avenir de femme rangée qui lui est tracée, et décide de lire, en accord avec son père, à la lecture du Talmud. Elle décide de parfaire son éducation en s'engageant dans une école juive où ne sont acceptés que les garçons ; pour ce faire, elle va se faire passer pour un homme et s'appeler désormais Anshel.


Projet muri de longue date par Barbra Streisand, Yentl est un film féministe avant l'heure, sur une femme qui désire prendre son indépendance, quitte à braver des interdits, dans une société ô combien corsetée. Alors oui, on peut regretter que la comédienne, également coscénariste, réalisatrice, productrice et auteure des chansons, prenne autant la place, mais à l'écran, elle dégage quelque chose de fort, faisant sa place dans un monde où le masculin était roi. Elle éclipse même le pauvre Mandy Patinkin, que je connais surtout pour la série Homeland, mais qui a un charisme certain. Et là où le film est intéressant, c'est sur sa représentation ambiguë de l'homosexualité, car plus d'une fois, Patinkin, qui ne connait pas le sexe de son colocataire (au féminin dans le cas présent), ressent plus qu'une amitié pour ce qu'il pense être un garçon frêle, mais dont la sensibilité a l'air de le toucher. Le tout est montré sans être appuyé, ni que ça constitue une gêne quelconque.


Il ne faut pas oublier que Yentl a un fort élément musical, aussi bien par la musique sublime de Michel Legrand, qui a eu un Oscar pour cela, que les chansons de Streisand, où elles sont soit en fond, ou qu'elle interprète à l'écran. Mais je ne trouve pas ça ridicule, seulement beau, car Yentl raconte aussi, en plus d'un message sur le féminisme, une histoire sur un amour impossible, où les traditions liées à la judéité sont montrées telles un fardeau.


Peut-être qu'il aurait fallu faire respirer d'autres personnages, comme Amy Irving, la fiancée de Mandy Patinkin, car Barbra prend beaucoup de place à l'écran, mais je ne comprends pas vraiment le torrent de haine que le film a eu à sa sortie. Je n'ose imaginer que c'est à cause de la personnalité mégalo de sa réalisatrice, qui signait là un premier film très couteux, ou parce que c'est réalisé par une femme...

Boubakar
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le 3 mars 2023

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