Mon dieu, mais que suis je entrain de regarder ?
Telle est la question qui me vient au lèvre au début du visionnage de Yes Man. Il faut dire que les vingt premières minutes sont un peu étrange, et c'est le moins que l'on puisse dire. En effet, on a Carl (Jim Carrey), personnage chiant au possible, qui refuse toute vie sociale sans la moindre raison. Or, Carl dit trop souvent non, il va donc suivre une sorte de réunion du « oui » pour le forcer à dire ce mot magique à chaque fois qu'il en a l'occasion.
A ce stade du film, je m'attendais à une sorte de menteur-menteur au rabais, le scénario paraissant mauvais et les personnages peut attachants. C'est dire si on revient de loin tant l'heure qui suit relève le niveau. En effet, on entre dans un aspect presque cartoonesque tant les situations ne cesse de s'améliorer à chaque réponse positive de Carl. Entant que conseiller banquaire il accepte tous les crédits qu'on lui demande, il va à toutes les soirées où on l'invite, offre à boire à chaque fois, etc … Résultat : il se fait plein d'amis, réussie dans son boulot et réussis même à trouver une fille qui lui fera oublier Stéphanie son ex-femme (Molly Sims, dans un rôle assez moyen).
Là où le film est vraiment fort, c'est que ça se passe très bien. On est à la fois surpris sans trop l'être car on sait que ça va surement s'arranger à chaque fois, même si on attend « l'échec », la goute d'eau qui fera tout foirer notamment sa relation avec Allison (interprétée par la magnifique Zooey Deschanel). Et force est de constater que ça finit bien par arriver, mais bizarrement pas quand on l'imagine ! Petite surprise donc, car véritablement, on s'attend à tellement d'échecs que voir tant de réussites est très agréable et surprenant.
Les situations plus loufoques les unes que les autres dégagent une grande chaleur humaine. Les personnages d'Allison et de Carl sont très agréables et plaisent grandement. Idem pour Peter, le meilleur ami de Carl, joué par un Bradley Cooper qui ne fait pas dans la surenchère même si un développement plus large de son personnage aurait été agréable. Au final que ça soit le saut à l’élastique, les cours de guitare, l'apprentissage de pilotage d'avion, le jogging à 6h du mat' après s'être faire une soirée alcoolisé ou encore l'interrogatoire du FBI, tout est excellent. Et spécialement la scène, tout simplement monstrueuse dans l'usine de boucherie où on explique à Carl comment sont tués les poulets que nous mangeons.
Malgré cela, le scénario souffre de quelques faiblesses forcément, on ne peut y couper. L'aspect ultra-prévisible de la relation entre Alisson et Carl, qui répond à tous les codes de la comédie romantique. Bien que la mise en scène soit touchante on peut regretter cette surenchère de stéréotype. On regrettera également les premières vingt minutes bien trop WTF qui ne servent uniquement à mettre en place cette situation incroyable d'un homme obligé à dire oui. On pourrait presque voir un message d'encouragement aux sectes si la dernière scène du film ne nous montrait pas clairement qu'en réalité, ce film s'en moque. On peut également regretter que certains personnages ne soient guère développés. A commencer par Stéphanie, l'ex-femme, qui n'a le droit qu'à 3 scènes bien trop rapide, la dernière surtout appelant une sorte d'épilogue. Nick aussi est un personnage qui sert uniquement d'élément perturbateur, rien d'autres. Quand je parle de manque d'originalité par rapport aux comédies romantique, c'est vraiment le cas, je pense que vous l'aurez compris avec la stéréotysation de ces deux personnages respectifs. Globalement je reproche au film un « faux-défaut », celui de ne pas être marquant, de ne pas être transcendant. Malheureusement réaliser un « très bon film » est vraiment dur, ça tient plus du hasard que de la volonté. Ce n'est donc pas une vrai critique mais ça explique que ma note se limite à 7, le film n'offrant pas assez pour dépasser ce palier.
Je passe très rapidement sur la technique. Les cadrages sont sympas mais sans plus, vraiment typique et d'un classicisme fou. La bande son a quelques moments sympas, notamment les interprétations lives de Carl et d'Alisson. Globalement sinon, ça reste quand même assez neutre. De la même manière les décors respectent la banalité du monde réel et enfin, la photographie est également d'un banal qui sied parfaitement à ce type de film, qui se doit d'être ancré dans le réel.
Enfin, il m'apparait nécessaire de m'attarder un peu sur les acteurs. Il paraît que les cinéphiles font ça, citer acteurs par acteurs et dire comment ce type est trop génial au vu de sa biographie. Personnellement je suis pas vraiment une encyclopédie sur patte, je me limiterai donc au jeu d'acteur et à la façon dont les personnages sont développés et comment ils s'entrecroisent. Vous surprendrais-je si je vous disais que le premier acteur marquant est … Jim Carrey ? Je déconne, on passe presque une demi-heure sans l'apprécier. Notons que ces mimiques ne sont pas si présentes dans ce film. Enfaite Jim souffre d'un scénario qui peine à démarrer et son personnage de Carl apparaît, comme le spectateur, un peu septique par rapport au scénario. Un choix pour le moins osé, mais qui paye. On s'attache vite à lui, et très honnêtement, si on ne peut pas dire que Carrey tient le film, tant les autres acteurs sont également agréables à voir, une nouvelle fois Jim nous montre qu'il est un excellent acteur et pas un simple comique, c'est quelqu'un qui, par sa simple présence, marque l'écran et captive le spectateur.
Zooey Deschanel est une actrice que j'avais du voir dans quelques seconds rôles obscures jusqu'à présent. Son visage m'était familié mais impossible de me rappeler d'un film marquant. Pourtant, sa présence m'a immédiatement charmé. Véritablement envoutant, son regard et son sourire captive le spectateur et dans le même temps elle devient une petite-amie crédible. Personnellement je suis fan de Jim Carrey, pourtant, un de mes gros soucis est que je n'apprécie que rarement les couples qu'il forme avec des actrices toutes plus belles les unes que les autres. Même The Mask, véritable bible de mon enfance, n'offre, à mon goût, qu'un couple relativement intéressant car tout simplement trop lice pour être véritablement excitant. Mr Popper et ses pingouins ayant finit de m'achever sur l'idée que Carrey ne pouvait être bon dans un couple (l'actrice face à lui souffrant souvent de peu de présence à l'écran par rapport au charisme de Carrey). Pourtant, Zooey Deschanel remplit à merveille cette fonction et me fait littéralement fondre. Je vais m'intéresser de plus près à l'activité de cette petite.
Passons maintenant à monsieur Bradley Cooper. Je suis peu fan du phénomène actuel qui fait que toutes les nanas sont fans de lui, son côté beau-gosse sur de lui et déconnant m'énerve et lui donne des faux airs de Downey Jr (que je n'apprécie guère depuis Iron Man). Pourtant là, il joue, à l'inverse, le mec rangé et offre une belle relation d'amitié avec Carl. Très agréable donc. On regrettera un manque de développement, une scène ou deux en plus avec lui aurait été agréable histoire de développer le personnage. Notons que quand Peter (joué par Cooper pour ceux qui ne suivent pas) soutient Carl entrain de se faire frapper, on a une belle preuve d'amitié. Un rôle tout en retenu par rapport aux habitude de Bradley Cooper, génial ! En même temps, face à l’exubérant Jim Carrey, il était nécessaire de nous montrer quelqu'un de calme. Cooper fait un bon contrepoids dans ce film. Discret, certes, mais efficace, c'est le genre de rôle de l'ombre qui me fait aimer un acteur, ou ,dans le cas présent, me réconcilier avec lui. Je ne peux résister à l'envie de rajouter un détail, c'est que ce film nous montre pas moins de 5 amis à Carl. Très bonne chose ! Les comédies romantiques limite souvent le nombre d'amis du héros à 1 voir 2, rarement plus. C'est bien joué que de remonter à contre-courant de cette mauvaise habitude.
Le personnage de Norman (joué par Rhys Darby) m'a bien amusé, tout simplement parce qu'à première vu, c'est un connard, alors qu'en réalité on sympathise vite pour ce personnage qui ne demande rien de plus que des amis. Là encore c'est exploité une bonne idée, et je dois même avouer qu'on évite un stéréotype (encore un qu'on évite, vous me direz que je me goure à trouver des stéréotypes dans ce film, mais si si je vous jure), celui du patron chiant ! Au final, le personnage est vraiment sympathique et dynamisme le film, mais l'acteur en lui-même reste moyen, neutre, ne jouant ni mal ni bien.
Alors que Terence Stamp fut la bonne présence de l'écran. J'adore ce mec, et pourtant je suis incapable de citer un seul grand rôle de toute sa carrière. Je pense qu'il en a eut, une recherche approfondi me le confirmerait. C'est donc dans son rôle de second couteau que j'aime ce type. Le coup du showman un peu gourou m'a amusé et sérieusement, le rôle est tellement mauvais qu'il ne tient que parce que Stamp est un bon acteur. Ce fut mon petit plaisir du film que de voir cet acteur.
Au final Yes Man est un film de Carrey assez sympa, qui bien que surfant sur de nombreux prénotions des films romantiques, arrive à s'éloigner de plusieurs d'entre eux, créant ainsi un décalage rendant le film plutôt bon. Les situations comiques ne manquant pas, la part de comédie est également bien présente et l'aspect romantique est respecté grâce à la qualité des acteurs qui donnent vie à un scénario qui n'est pas des plus séduisants à la base. Un bon moment de cinéma au final.