Jack est un chanteur raté qui, à la suite d’un accident de vélo, se réveille dans un monde où les Beatles n’ont jamais existé. Il comprend vite l'opportunité.
Le pitch, qui n’est pas sans rappeler Jean-Philippe (2006), m’a intrigué, et les Beatles ont une place à part dans mon coeur. C’est naturellement donc que je suis allé voir le dernier Danny Boyle. Quelle ne fut pas ma déception de m’apercevoir que le film ne fait rien de ses prémisses originales, se contentant d'être une comédie romantique lambda ! Yesterday superpose ainsi deux histoires super classiques : l’histoire de l'imposteur qui réussit trop bien son coup et se retrouve dépassé, et celle des deux amis d’enfance, amoureux depuis toujours mais dont le timing n’a jamais été le bon.
Et autant le dire tout de suite, ce volet comédie romantique m’a laissé de marbre. Parce Jack (Himesh Patel) et Ellie (Lily James) sont tout le temps fourrés ensemble —elle est son manager— et que je n'achète pas le coup de « je suis trop timide » quand tu as vingt ans pour te lancer à l’eau. Et, comme par hasard, quand nos deux tourtereaux veulent s’avouer leur amour mutuel, ah ben zut alors, c’est pile quand Jack file aux US. Un peu facile. Ça aurait pu être plus convainquant si les sentiments d’Ellie étaient à sens unique, mais non, Jack lui avouera que, blablabla, il l’a toujours aimée. Et pour tout triangle amoureux on aura droit à un type random, tellement gentil et inoffensif qu’il s’effacera de lui-même comme par magie dans un happy end mièvre au possible.
Reste donc l’histoire de l’imposteur… qui ressemble à peu près à n’importe quelle autre. Sauf que le seul obstacle à Jack est sa propre culpabilité de s’approprier le travail d’un groupe qui n’a jamais existé. Ouais, niveau tension, c’est pas fou. Les deux seuls qui découvrent la supercherie sont heureux que Jack fasse découvrir au monde les Beatles.
Les Beatles, justement, parlons-en. Le film aurait pu être une vraie réflexion sur leur oeuvre : est-elle devenue culte en partie grâce à son contexte, son époque et ses interprètes, où les chansons sont-elles intrinsèquement universelles ? En quoi auraient-elles été différentes si elles avait été composées/écrites aujourd’hui ? Quelle est la différence avec la chansonnette, originale mais ratée, de Jack ?
Mais Yesterday évacue ces questions d’un coup de balai, et nous colle à la place une productrice cynique et castratrice (Kate McKinnon) beaucoup trop clichée par rapport au reste du film. « Mouhahaha, attention, nous sommes des méchants producteurs uniquement là pour le pognon, viens signer ton contrat avec ton sang ! ». Bof, donc.
J’ai beaucoup tiré sur le film, parce que j’ai été franchement déçu. D’autant plus qu’écouter Himesh Patel en cover band des Beatles, c’est rapidement frustrant car c’est pas le real deal. Mais après, Yesterday reste sympa à mater, il y a quelques lignes bien senties, des scènes très réussies —Jack essayant de jouer Let it be à ses parents—, les acteurs font le taf et Danny Boyle également —même si son utilisation un peu random des plans débullés m’insuporte parfois—. J'ai passé un moment agréable, d'où ma note de 6/10.
Bref, son pitch laissait entrevoir un film génial, mais Yesterday n’est qu’une comédie « sympathique ». Certainement pas l’oeuvre la plus intéressante de Danny Boyle.