Après avoir involontairement aidé à la résolution du mystère de l'Homme-Morse, les deux Colleen se retrouvent cette fois confrontées à une armée de Chipozis, des saucisses nazies remplies de choucroute, qui envahissent leur supérette...
Mon Dieu... On se faisait une telle joie de retourner dans cette trilogie du "True North" entamée par Kevin Smith avec le surprenant et réussi "Tusk" que l'on n'avait pas senti une catastrophe de cette ampleur venir. Il faut dire que le pitch était si dingue -on parle quand même de deux ados se servant de leur passion pour le yoga pour combattre des chipolatas nazis, ça ne rigole pas, là- qu'on salivait déjà à l'idée de voir ce que la plume de Smith allait pondre à nouveau d'une pareille affaire ! La réponse est rien. Simplement rien. Et c'en est presque triste...
"Yoga Hosers" est raté de bout en bout. Invraisemblablement raté même tant il avait tout sur le papier pour nous emporter dans un trip des plus délirants. Pendant son visionnage qui va vite prendre la forme d'un véritable calvaire, on a beau s'imaginer sous l'influence de tous les paradis artificiels possibles, on en voit a priori aucun qui pourrait rendre cette "chose" drôle car elle n'est jamais, mais absolument jamais, drôle.
Les dialogues de Smith sont d'une rare médiocrité (un comble, c'est sa marque de fabrique), les caractères des deux héroïnes ne seront jamais identifiables pour créer la moindre empathie ou drôlerie (on nous les présente tantôt débiles et accros à leurs portables, tantôt comme les seuls personnages les plus intelligents du film, on ne les cernera pour ainsi dire jamais), Smith ne fera rien de son idée de départ -pourtant génialement débile, on le répète- sinon s'embarquer dans un délire tentant de singer "Scott Pilgrim" par certains tics visuels et accumulant sans cesse les mauvaises idées pour amener le film dans une espèce de folie aussi pathétique qu'illusoire, et, enfin, pire que tout, il saccage le personnage de Guy Lapointe, le détective alcoolo-québécois génialement interprété par Johnny Depp dans "Tusk" en lui donnant une place prépondérante de pitre jamais drôle. Les petits anciens du premier film dans de nouveaux rôles (Justin Long, Haley Joel Osment, ...) ou les nouveaux (Vanessa Paradis, ...) n'auront même pas une place assez conséquente au sein de ce naufrage pour dépasser le stade de simples curiosités.
En fait, on en vient à penser que Kevin Smith et Johnny Depp se sont tout simplement faits un film de famille à leur manière tordue. Ils ont voulu faire plaisir à leurs filles respectives, (d'ailleurs, Lily Rose Depp et Harley Quinn Smith ne sont pas les pires éléments du film dans leurs jeux ou leurs chansons), mais, comme tous les pères, ils l'ont fait de manière très maladroite.
Et, nous, spectateurs, devont subir ça et craindre le pire pour le troisième volet d'une trilogie qui avait pourtant si bien débuté...