Suite du plutôt atone Yossi et Jagger, et nouveau film du réalisateur du pas bon Tu marcheras sur l'eau, Yossi apparaît comme le mariage audacieux de la chronique de trentenaire et de la comédie romantique. Cet assemblage hasardeux donne finalement un film très agréable, quelquefois profond, superficiel à d'autres moments, tiraillé entre la justesse du détail et les clichés gays.
On notera donc que Yossi - qui embarque dans sa voiture trois jeunes et beaux militaires, dont l'un est clairement homosexuel - écoute l'adagietto de la 5e Symphonie de Malher (musique du Mort à Venise de Visconti), alors que plus tard, le charmant Tom lira La mort à Venise de Thomas Mann... au bord de la piscine. On ne peut pas faire plus appuyé, de même que cette rencontre finalement improbable, entre ce médecin mal dégrossi et ce militaire tout droit sorti d'un magazine de mode. Mais comme nous sommes des midinettes, ça marche quand même, d'autant que les deux comédiens sont l'un et l'autre excellents, et mettent beaucoup de conviction à nous embarquer dans leur love story.
La vraie réussite du film tient dans l'évocation de ce Yossi, médecin surmené, jamais remis de la mort de son amour de jeunesse, homosexuel mal assumé dans un Tel Aviv nocturne. Deux scènes particulièrement édifiantes, la visite chez les parents de son ami, et le plan cul raté chez un bellâtre humiliant, esquissent le portrait d'un type profondément attachant, mais perdu, un type qu'on a envie de prendre dans ses bras.
Joli film donc, dominé par l'interprétation d'Ohad Knoller et la romance naïve - à laquelle on veut croire, à laquelle on croit - entre ces deux garçons que tout ou presque oppose. Si l'on retrouve ici la structure classique de toute "bonne" comédie romantique, pas de Hugh Grant, pas de Julia Roberts, pas d'avant-première sur les Champs-Élysées, non, une histoire d'amour entre deux hommes... ce petit "détail" classant forcément Yossi dans la catégorie "film d'auteur à message". Comme c'est étrange...