Cette comédie au thème déjà éculé met en exergue la rencontre amoureuse improbable aux États-Unis entre un homme blanc juif et une femme noire musulmane métis. Bien que le trait des dialogues et l'obsession de la ségrégation raciale soit parfois un peu trop tiré, le ton et la cohérence sont respectés du début à la fin du film. Le risque de cette comédie aurait été d'osciller entre film de société à connotation dramatique et le burlesque des réactions xénophobes, ici dénoncées avec humour. L'ombre de la Nation of Islam de Malcolm X donne une touche historique anachronique qui confirme le style.
Au-delà du comique de situation et encore une fois de dialogues aux qualités variables, le film interroge discrètement plusieurs réalités psychiques : le cœur ne connaît pas les constructions sociales que sont les races et les religions. Mais le poids de l'héritage de l'Histoire (esclavage transatlantique, Shoah mentionnés avec dérision dans le film), qui pourrait constituer un trait d'union entre la condition des Noirs et la condition des Juifs, n'est jamais loin pour cultiver les différences et pourquoi pas la haine de l'Autre. Également, s'unir à un autre différent (couleur, communauté, religion, culture, classe sociale) comporte des risques évidents : se couper par amour de son groupe d'appartenance et d'une certaine dette envers la filiation unissant aux parents. Mais au fond, n'est-ce pas aussi là que se loge une certaine liberté subjective à travers la créolisation du monde, comme la nommait Édouard Glissant ? Sans doute, l'humour demeure-t-il une arme sérieuse en ces temps incertains.