Les œuvres différentes, qui ne caressent pas le spectateur dans le sens du poil, sont clairement dignes d’intérêt. Mais, parfois, elles sont tellement particulières et rebutantes, qu’elles ne semblent parler qu’à une infime catégorie de spectateurs. « You won’t be alone » peut se classer là-dedans. Vendu comme un film d’horreur, il n’en est en réalité absolument rien. Certes, on a une trame narrative basée sur la sorcellerie et des effets gores très intenses (dans la manière peu ragoûtante qu’à la sorcière métamorphe de prendre possession des corps) mais on est dans du cinéma d’auteur pur jus, à la limite de l’expérimental, dans ce qu’il peut offrir de plus détestable et chiant. Pour faire simple, on a droit à presque deux heures d’un drôle de mélange. Des saillies gores lors du passage d’un coprs à l’autre assaisonnent des séquences interminables et contemplatives sur la campagne macédonienne du XIXème siècle tout cela assorti d’une voix off pesante représentant les états d’âme d’une sorcière qui découvre le monde en passant d’un corps à l’autre (humain ou animal). Verbeux de par cette voix intérieure qui dissèque tout et pourtant quasiment dénué de dialogues, « You won’t be alone » est d’un ennui abyssal et il faut s’accrocher pour tenir ces cent-dix minutes de pensum sur l’apprentissage de la condition humaine.


Imaginez un peu et retenez votre souffle: c’est comme si toute la nouvelle elevated horror américaine à la mode en ce moment et qui redonne ses lettres de noblesse au genre, du « The Witch » de Robert Eggers au « Midsommar » d’Ari Aster (fantastique et sorcellerie dite intello), rencontrait le cinéma contemplatif d’un Terrence Malick ou d’un Winding Refn avec une bonne louchée du Voltaire de Candide en ce qui concerne la découverte du monde et celles des us et coutumes des hommes pour aboutir à un récit picaresque entre poésie et gore. Drôle de mélange qui aurait pu donner quelque chose d’unique, rare et sublime. Si c’est bien unique et rare c’est loin d’être sublime et bien que certains adeptes de l’esthétique puissent trouver cela envoûtant visuellement. Oui il y a des beaux plans sur la nature et un casting international étonnant mais c’est bien peu à se mettre sous la dent. « You won’t be alone » passerait presque pour une projection purgatoire tellement on s’ennuie et qu’l ne se passe pas grand-chose, hormis des phrases sentencieuses et des plans d’un acteur, d’une actrice ou d’un animal ensorcelé à un autre qui découvre le monde. En revanche, si cela se positionnait comme un documentaire sur la vie rurale et paysanne d’antan c’est réussi!


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JorikVesperhaven
3

Créée

le 8 mars 2024

Critique lue 21 fois

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Rémy Fiers

Écrit par

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