Rares sont les suites meilleures que le produit dont elles sont issues, même si ce phénomène existe bel et bien. La suite du western Young Guns (sobrement intitulée Young Guns 2) est bien de celles-ci.
Partant d'un fait divers d'après la seconde guerre mondiale, ou un homme très âgé, Billy Roberts, déclara dans un journal, être Billy le Kid et que jamais Pat Garrett ne l'avait tué, le film débute par la rencontre du vieil homme et du journaliste venu l'interviewer.
Moment anachronique et choc de générations que ce début de film intriguant. Et puis évidemment, B. Roberts narre son histoire et le western débute.
La suite de la cavale du Kid se permet de rebooter un aspect très mal traité de son histoire par son prédécesseur. Sa relation avec l'homme, qui officiellement, et pour l'éternité historique, mettra fin à sa cavale en le tuant, Pat Garrett. William Petersen l'incarne avec consistance (et moustache), et joue parfaitement la dualité entre amitié et intérêts personnels aboutissant à la trahison.
Emilio Estevez reprend le rôle du légendaire hors-la-loi pour l'incarner dans la plus célèbre partie de sa vie (déjà abordé dans Pat Garrett et Billy le Kid de S. Peckimpah) et il s'y glisse aisément de nouveau.
La jonction avec le premier film se fait aussi avec les personnages de "Doc" Scurlock (Kiefer Sutherland) et José Chavez (Lou Diamond Philips), survivants de la guerre du comté de Lincoln, de retour aux côtés de leur ami.
Se joignent au casting Christian Slater en un Rudabaugh encore plus insupportable que le Kid, le jeune débutant Balthazar Getty, Alan Ruck dans un rôle fictif mixant 2 ou 3 réels compagnons du bandidos. Figure aussi à l'affiche une véritable légende du genre, Jame Coburn, qui en peu de temps à l'écran cautionne complètement le métrage.
Si scénariste et directeur photo restent de l'aventure (en étant bien plus inspirés que dans le premier), le réalisateur change, Geoff Murphy remplaçant Christopher Cain. Cela se sent. Là où le film précédent échouait systématiquement à faire souffler un vent épique, sa suite y parvient souvent, notamment grâce à une réelle maîtrise du cadre en extérieur. Et plus on approche de la fin, plus la mise en scène se pose, l'air de dire, voilà le bout de la piste.
Historiquement, il existe quelques erreurs, dues aussi bien à un lissage des enjeux, qu'à une certaine cohérence avec le premier film. Exemple de la mort de "Doc" Scurlock, en réalité celui qui meurt ainsi est un nommé Bowdre, incarné par Casey Ziemasko et abattu à la fin du numéro 1. Rien de gênant.
Pour le reste de l'histoire, comme l'explique le carton final, aucune des démarches officielles de Bill Roberts n'aboutira.
Cependant, après enquêtes et analyses, les historiens reconnurent que des faits troublants s'immiscaient dans son récit, et apportaient même de nouveaux éclairages à certaines zones d'ombres, ou encore confirmaient certaines théories. Néanmoins personne dans la communauté historique n'a jamais admis que Roberts puisse être William Boney. L'hypothèse la plus répandue penche pour un proche, membre de la famille du Kid, ou une sorte de "fan" évoluant dans la galaxie du jeune outlaw (un peu comme le personnage de B. Getty), n'ayant jamais été inquiété par les autorités (à savoir son degré d'implication dans les exactions du gang).
Détail troublant pour les amateurs des complots en tout genre, Pat Garrett n'a jamais reçu la récompense offerte pour la capture ou l'assassinat du Kid. De son propre aveu. La raison de ce non-paiement ? Défaut de reconnaissance du cadavre. Incroyable non ?
Western de l'ère "moderne" plus abouti que son film inaugural, ce second opus est rythmé ce qu'il faut pour donner des envies de cavalcade dans les prairies du Nouveau-Mexique.
Les copains, Chivato...