Yoyo
7.5
Yoyo

Film de Pierre Étaix (1964)

Il Etaix Une Fois la Fantaisie

Souvent cité comme étant son meilleur film je m'étais réservé Yoyo pour la fin de mon exploration de la filmographie de Pierre Etaix, même si c'est chronologiquement son second film. J'en attendais donc peut être un peu trop, mais Yoyo est au final une légère déception car même si le film propose de très jolis moments de poésie, d'humour et de tendresse propre au réalisateur l'ensemble manque parfois de liants et le récit peut être trop riche et ambitieux n'est pas toujours à la hauteur des attentes.


Yoyo c'est donc à la fois l’histoire d'un milliardaire qui en retrouvant un amour de jeunesse découvre qu'il a un fils et de ce même fils qui au départ clown dans un cirque deviendra lui même milliardaire.


Yoyo est donc un récit qui s'étale sur plusieurs génération dans une forme de boucle rapprochant les destins d'un père et de son fils à travers différentes étapes de leurs vies distinctes et communes. Le film sans pour autant ressembler à un film à sketchs se divise donc en différentes grandes étapes qui suivent à la fois l'évolution des personnages et la marche du monde et malheureusement toutes les séquences sont loin de se valoir donnant au film un aspect parfois un peu décousu et surtout très inégal. Yoyo démarre de façon assez amusante comme un film muet uniquement rythmé par des bruitages excessifs qui font à la fois office de gags et de tempo pour décrire la vie oisive et ennuyeuse de ce milliardaire solitaire. C'est l’arrivée de la fantaisie d'un cirque qui va faire basculer la vie du personnage celui ci décidant de partir sur les routes avec son amour de jeunesse et un fils dont il ne connaissait pas l'existence. Toute cette vie de bohème et de légèreté entre humour, tendresse, poésie et romantisme le tout centré sur les trois personnages qui vont de villes en villages pour se produire dans un petit cirque itinérant est de loin le meilleur moment du film. Tout Pierre Etaix est là concentré pur jus, le burlesque, l'amour de la pantomime, des arts du cirque, la tendresse poétique et lunaire, l'élégance de la légèreté à tel point que j'étais prêt à suivre les personnage ainsi jusqu'au bout du film. Bien malheureusement ce n'est qu'une bulle et une étape dans l'histoire et plus rien par la suite ne sera jamais tout à fait du même niveau.


Pierre Etaix fait basculer son personnage de Yoyo (clown et fils du milliardaire) à l'âge adulte avec symboliquement l'arrivée du cinéma parlant et donc de l'expression orale pour les personnages. Tout semble alors aller un peu trop vite sans que le parcours du personnage soit vraiment explicité ; il travaille dans un cirque, part à la guerre, hérite de la demeure de son père, fait fortune en vendant des gags notamment pour la télévision et redevient un mondain qui s’ennuie ; le tout passe bien trop vite et de manière trop rapide pour ne pas sembler un peu décousu. Pierre Etaix continue de parsemer son film de très bons gags , de situations loufoques et poétiques mais bizarrement l'ensemble manque de structure pour que l'on s'attache pleinement au personnage. Le réalisateur profite d'explorer la marche du temps pour évoquer la crise financière de 1939, la seconde guerre mondiale, l'apparition de la télévision et son impact sur le spectacle vivant le tout en rendant des hommages au Dictateur de Chaplin, à Harold Lloyd, Buster Keaton ou à La Strada de Fellini. Dans ce monde adulte les plus jolis moments restent ceux qui continuent d'évoquer le cirque et le monde du spectacle comme lorsque une troupe de forains et saltimbanques s'installent dans un hôtel. Tout le film est aussi joliment traversé par le souvenir et l'amour que porte les personnages (Yoyo et son père) pour des artistes de cirques, l'écuyère interprété par Luce klein et Insolina la trapéziste interprétée par Claudie Auger. On notera également de voir que Pierre Etaix s'amuse à jouer de nombreux personnages différents dans le film, prenant un évident plaisir à se grimer et se fondre dans la peau de plusieurs personnages.


Bref Yoyo porte très bien son titre puisque le film ludique passe des hauts et des bas le long d'une corde raide dans un mouvement perpétuel. Même si je trouve que le film baisse singulièrement de niveau une fois Yoyo devenu adulte il reste une très élégante et amusante évocation aventures humaine et une très bel hommage à la bohème poétiques des artistes du cirque.

freddyK
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le 30 oct. 2024

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