Yoyo commence en 1925. Les trente premières minutes sont un pur moment de bonheur cinématographique. Tourné comme un film muet, hormis les horribles grincements de portes que nous entendons, cette partie est un cocktail détonnant de scènes burlesques. Le contexte est celui d’un château dans lequel vit un homme riche entouré d’une nombreuse domesticité. Tout est réglé comme du papier musique, les domestiques obéissent au doigt et à l’œil, mais le tout est agrémenté d’une fantaisie qui détonne avec l’ensemble : l’homme a une démarche à la Chaplin, il joue avec un yoyo et il organise des parties de Charleston enjouées. Chaque plan est traité soit avec humour, soit avec originalité, soit avec poésie. Aucun d’eux n’est banal, ils sont tous soignés et perlés.
Passées les trente premières minutes, nous arrivons en 1929 : date du krash financier aux USA qui a été une onde de choc pour les pays d’Europe. Période aussi durant laquelle le cinéma muet est passé au cinéma parlant, non sans difficulté. Et voilà que notre film devient parlant ! C’est la même idée que reprendra The Artist plus de 30 ans après, en en faisant la thématique centrale du film. Ici, ce passage est simplement anecdotique. A partir de ce moment-là le film perd un peu de son charme tout en gardant son humour et son originalité. L’homme ruiné, comme bien d’autres, quitte son château et rejoint un amour de jeunesse, une écuyère dans une troupe de cirque avec qui il avait eu un enfant, Yoyo qui est clown dans cette même troupe. Cet homme fait dorénavant les tournées de spectacle avec sa famille et ne semble pas regretter le monde qu’il a quitté.
Dix ans passent et c’est à présent l’histoire de Yoyo, le clown, devenu adulte que nous suivons. Il fait le parcours inverse de son père. Ayant construit une fortune dans le monde du spectacle, il le quitte pour retrouver le château de son père et le restaurer.
L’histoire elle-même reste secondaire. Elle n’est que prétexte à mettre en scène des passages drôles, savoureux et bourrés d’imagination. Et elle a pour intérêt de mettre en opposition le monde de la richesse, des conventions sociales, de la mondanité avec le monde de la fantaisie, de la liberté, de la gaieté qu’est celui du cirque et du spectacle et de ce film lui-même !
Hommage au cinéma muet et parlant, au monde du spectacle, hommage à la vie, Yoyo mérite d’être connu !