Maladroit mais...
Dommage que les auteurs se sentent obligés de nous fourguer le sempiternelle épisode (trop long) de l'escapade volontaire des enfants, ce qui vient plomber en partie le récit. Avant et après, tout...
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le 26 oct. 2011
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Quelle belle surprise une fois encore de la part de Nobuhiro Suwa ! Décidément il ne sait pas faire de mauvais film. Yuki & Nina est coréalisé avec Hippolyte Girardot, également acteur, et met en scène la séparation d’un couple franco-japonais à travers les yeux de leur fille, Yuki. Les thèmes fétiches de Suwa, la séparation amoureuse, la place des enfants dans le couple, l’enjeu de la double culture franco-japonaise qui se manifeste par un tiraillement culturel et social sont rassemblés dans le film et lui donnent une profondeur interprétative conséquente.
La première partie, consacrée à l’annonce de la séparation faite à Yuki par ses parents est la plus chargée en termes d’émotion, offrant des scènes mémorables (cf. la lecture de la lettre à table, déchirante) que sublime le cadrage immobile et long de Suwa : le cinéaste a ce don de faire se décanter visuellement les situations les plus intimes sans laisser transparaître la moindre once d’impudeur. Comme dans Un couple parfait une place importante est laissée à l’improvisation des acteurs, ce qui une fois de plus contribue à rendre le métrage extrêmement crédible et réaliste.
La deuxième partie, qui s’enclenche avec la fugue de Yuki et Nina, occasionne l’un des moments forts du film, à savoir ce « retour à la nature » (à interpréter sans doute classiquement comme un retour aux origines) amené de façon très poétique et qui ne serait pas sans rappeler certaines scènes de Tsai Ming-liang… La matérialisation de la dualité culturelle de Yuki est ainsi réalisée avec une douceur tout à fait délectable et participe à plonger le spectateur dans une réflexion plus qu’intéressante sur le rôle joué par la culture dans le développement personnel de l’enfant.
La troisième partie, qui constitue l’accomplissement de ce trajet initiatique, fait intervenir un autre thème cher à Suwa, à savoir celui de l’altérité dont le caractère menaçant voire effrayant (déjà présent dans M/other) se voit progressivement remplacé par son aspect accueillant, régénérateur et positif. La fin est à ce titre une splendide réussite, et pousse un peu plus loin encore la lecture philosophique de l’œuvre dont le volet spirituel est non négligeable (pensons aux autels shinto à la lisière de la forêt, ou aux rythmes lancinants de la musique qui laissent planer le doute d’un rêve, d’une hallucination poétique).
On saura gré une fois encore à Suwa de ne jamais céder à la tentation de la caricature : son scénario est simple, mais ne tombe jamais dans le simplisme. Il brosse avec beaucoup de finesse des caractères complexes, comme l’atteste le personnage du père joué par Girardot, dont on ne sait avec certitude s’il fait preuve d’égoïsme vis-à-vis de Yuki en l’encourageant à aller au Japon avec sa mère ou s’il est réellement préoccupé par le bonheur de sa fille. Sur les raisons de la séparation, les cinéastes restent évasifs, même si la fin donne quelques indices très subtilement dévoilés.
Finalement les seuls moments décevants auxquels je peux penser sont ceux où Yuki et Nina sont seules ensemble : les conversations tournent un peu en rond et parfois même sonnent faux. Mais on ne dira jamais à quel point il est difficile de faire jouer des enfants en face d’une caméra ; le reste des scènes est tellement juste et convaincant qu’on n’en tient guère compte.
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Créée
le 17 avr. 2021
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