Les films jeune / tout public

Au nom de quoi peut-on dire qu'un film pour les enfants est forcément niais, qu'il use ses gros sabots et que c'est normal ? De même, on devrait leur donner des pâtes au fromage à tous les repas, et ne jamais les initier au plaisir d'un bon repas ? Pourquoi donc, excuser la mauvaise qualité d'un film qu'on dit pour enfants, avec ces arguments ? Que ce soit des questions de violence, de sexe, de sujets d'adultes qui discriment les publics, éventuellement, mais que cette question soit qualitative, ça n'a aucun sens. Un film qui n'est que pour les enfants est un film raté, c'est tout. C'était le cas de Buzz l'éclair, par exemple.

Mais Yuku et la fleur d'Himalaya est un contre-exemple : visant les enfants, il est, par ses sujets, par la qualité de ses dessins peints en 2D, par la diversité de ses chansons, un éveil à la musique, une ode au carpe diem. Pourquoi ces sujets seraient réservés aux enfants ? Savez-vous faire la différences être un boogie-woggie, un ska et un swing ? Yuku, elle, le sait. Elle nous dispense un cours de musique, avec son ukulele : la musique la sauve des gens qu'elle rencontre, et sauve aussi ces rencontres de la solitude. Sans forcément offrir une double lecture, selon l'âge des yeux qui le regardent, ce film raconte une vraie histoire, avec des vraies actions, un gros travail de l'image et du son, un propos clair et pas débile. Une petite merveille donc, poétique, comique, qui rappelle aux adultes d'autres films, et peut effrayer les enfants par moments. L'émerveillement n'a sans doute pas d'âge, et intelligemment, Demuynck et Durin le prouvent. On savait que l'animation française se portait (et s'exportait) bien, ça rassure de voir que l'animation jeune public aussi est source de belles idées (on pourrait ajouter Le Petit Nicolas). Entre Coco et Ratatouille, l'univers unique de Yuku est porté par Agnès Jaoui, Tom Novembre, Arno... et le silencieux petit papillon qui vient se poser sur le nez de la Renarde Agnès Jaoui, comme un joli hommage à Jean-Pierre Bacri (si, si, c'est lui !).