"Vie Privée et Débauche d'Yves Saint Laurent dans sa jeunesse"
J'y connais rien à la mode, mais alors vraiment rien. J'avoue donc que mon intérêt pour le sujet est moindre, mais à l'annonce du film je me suis dit que bon, après tout, je n'avais rien à perdre à en apprendre un peu plus sur cette culture à laquelle j'étais restée jusqu'alors relativement hermétique. Un dimanche pluvieux à tuer et voilà donc l'occasion de mettre les pieds au cinéma.
Le film ne démarre pas trop mal malgré une scène d'ouverture un peu confuse, ça se laisse regarder et je l'avoue, j'ai bien adhéré au jeu de l'acteur principal. Le majeur problème de cette première partie réside dans le fait qu'elle se contente d'aborder les sujets en surface sans jamais vraiment creuser très loin.
-Yves Saint Laurent dessine et crée des habits, d'accord, on voit quoi, trois bouts de croquis et un ou deux défilés posés là entre deux ellipses, mais c'est tout. Pourquoi pas certes, mais j'ai trouvé ça assez maladroitement amené.
-Yves Saint Laurent est dépressif, il explique vaguement les raisons en une demi phrase entre deux sanglots, son copain le regarde, sort une phrase genre "si tu veux mourir je peux pas t'aider", pif paf pouf, c'est pesé emballé, on en parle plus. Ou alors sans nous donner plus d'explications, de toute façon, son gentil copain, si glorifié qu'il est dans ce film (la réalité m'apparaît bien moins sympathique si j'en crois mes quelques petites recherches), sera toujours là pour le sortir de là.
-Yves Saint Laurent se dispute très fort avec son copain. Ellipse. Yves Saint Laurent aime son copain plus que tout au monde. (scène à répéter plusieurs fois) Ah.
Jusque là, le film se tient néanmoins encore à peu près, et à défaut de faire un grand chef d'oeuvre, il peut encore passer pour un bon téléfilm. Mais vient la seconde partie (les trois derniers quarts, les deux derniers tiers, la moitié, moins de la moitié, je n'en sais rien, le temps m'a paru tellement long que j'en ai perdu la notion), et là, haha, catastrophe.
-Yves Saint Laurent est exténué et veut s'en aller, il migre donc accompagné de son copain vers le Maroc (ou quelque part par là, ma mémoire me trahit). À partir de là, le créateur n'est plus qu'un prétexte à faire un film, on y suit ses débauches dans le sexe, l'alcool et la drogue, avec une ou deux collections insérées vite fait entre deux fêtes. Ainsi, on en oublie un peu le sujet principal du film ; le héros aurait tout aussi bien pu s'appeler Jean-Charles DesPrés que le résultat aurait été le même : un film inintéressant et vide. Alors ok, je l'avoue, j'en sais beaucoup plus sur le personnage maintenant : je sais avec qui il a couché, avec qui il a trompé son copain, quel genre de drogue et d'alcool il a consommé et en quelle quantité... etc mais pour tout vous dire ça, je m'en fous, moi ce que je voulais voir c'était, outre les collections, comment et pourquoi ça avait été créé, dans quel contexte... Bref n'importe quoi de plus consistant que le vide qui fait office de trame scénaristique. Et puis toute cette glorification de Pierre Berger, le soit disant ange gardien du créateur -alors que de ce qu'on m'en a dit et ce que j'en ai lu par la suite, tout n'était pas si rose-, c'était vraiment, vraiment de trop.
En fait Yves Saint Laurent, c'est un magazine people sous forme de film, ce n'est donc ni intéressant, ni très instructif. On nous présente majoritairement les mauvais côtés du créateur dans un étalage voyeuriste de sa vie privée, en évoquant à peine son génie. Pour un film à la gloire d'un artiste, on en ressort avec une image amère du personnage, et c'est regrettable je trouve.
"Vie Privée et Débauche d'Yves Saint Laurent", voilà un titre qui, à mon sens, aurait mieux convenu au film.
Ah oui, j'en oublierais presque de parler de la fin :
-Yves Saint Laurent a 35 ans. Ellipse. Yves Saint Laurent est tout ridé et fait un dessin devant une fenêtre ouverte, son copain fait un compliment dessus, la caméra s'éloigne. Fin. Ah. Je rectifie mon titre : "Vie Privée et Débauche d'Yves Saint Laurent dans sa jeunesse."