"Z" est adapté du roman de Vassilis Vassilikos qui relate une histoire vraie: l'assassinat du député grec Grigoris Lambrakis.
Le film se passe dans les années 60 dans le contexte de la guerre froide. Les corps de la police et de la gendarmerie estiment qu'il est de leur devoir de s'opposer par tous les moyens à des mouvements considérés subversifs comme le communisme ou même le pacifisme. Le leader surnommé "Le docteur" (Yves Montand) arrive dans une grande ville pour y tenir une conférence en faveur du désarmement. Avant même que le discours débute, une contre-manifestation commence et c'est un gigantesque "bazar" . Après avoir réussi à faire son allocution, "Le docteur" traverse la place dans une grande confusion et un triporteur en profite pour lui donner des coups. "Le docteur " s'écroule et est emmené à l'hôpital où il décèdera.
C'est un résumé ,en gros, des 45 premières minutes assez spectaculaires et tendus. D'emblée on se prend une véritable claque....
Le sujet peut faire peur et pourtant c'est avec ce film que Jacques Perrin va devenir producteur. Le scénario de Costa Gavras et de Jorge Semprun ( il signera seul les dialogues ) va le convaincre. L'avantage d'être un acteur connu est sans doute plus aisé pour produire: sa notoriété fait que plusieurs acteurs peuvent lui faire confiance.
Et c'est ce qui va se passer. Yves Montand accepte par amitié de ne jouer qu'un rôle secondaire mais pourtant nécessaire puisqu'il s'agit du député qui va se faire tuer. Jean-Louis Trintignant accepte même de jouer gratuitement par amitié lui aussi et sans doute passionné par le sujet: un an après il tournera "Le conformiste" de Bernardo Bertolucci qui a quelques points communs avec "Z" (le totalitarisme )...
Sans compter des seconds rôles de luxe dont je distinguerai Charles Denner (toujours impeccable, en ami et avocat du "Docteur"), Julien Guiomar excelle comme toujours dans des rôles plus qu'ambigus ou encore l'immense François Périer. Jacques Perrin s'est donnée un petit rôle de journaliste. Le public aura la joie de découvrir, outre ceux que j'ai déjà cités, Jean Bouise, Pierre Dux, Bernard Fresson, Irène Papas, Renato Salvatori, Marcel Bozzuffi tous parfaits.
"Z" est un film engagé, certains disent que c'est même le premier du genre en France. Le film dénonce le totalitarisme. Et les magouilles politiques à travers le personnage du juge d'instruction intègre joué par Jean-Louis Trintignant qui est magistral: tout en sobriété et intensité qui lui vaudront de recevoir le prix d'interprétation à Cannes (sa manière de dire : Nom, Prénom, Profession résonneront longtemps dans ma mémoire..). Incontestablement un de ses meilleurs rôles.
Dans le rôle "du docteur" Yves Montand en impose avec pourtant peu de scènes.
On pourrait craindre un film chiant: et pourtant il ne l'est pas parce que Costa Gavras l' a construit comme un thriller. Après les 45 premières minutes dont j'ai déjà parlés, il rythme "Z" par les interrogatoires haletantes entre le juge d'instruction et les témoins ou ceux qui sont soupçonnés d'avoir participé à ce meurtre.
La mise en scène est exemplaire: aucune longueur et limpide.
"Z" est le premier film coup de poing de Costa Gavras (après il signera "L'aveu", "état de siège" , "Section spéciale" ou encore "Missing" ) qui dénoncera souvent les dictatures ou autres injustices. Rétrospectivement on peut dire qu'il a ouvert la voie à un cinéaste comme Yves Boisset.
Le film récoltera de nombreuses récompenses comme l'oscar du meilleur film étranger ou encore "Grand prix du jury" à Cannes". Et surtout près de 4 millions de spectateurs courront le voir dans les salles ce qui est un chiffre incroyable vu le sujet brulant et pas vraiment commercial !
"Z" est un classique du cinéma français à voir impérativement. Du cinéma intelligent !