Sérieux écart de Costa Gavras et pourtant, il s'agit d'un de ses crus les plus estimés. La faute de ce ratage revient essentiellement à un mélange de deux genres qui cohabitent difficilement : le brûlot politique (ici engagé contre l'armée (confondue ici avec l'extrême droite avec de forts accents antisémites bien caricaturaux)) et la comédie à la française. Sérieusement, il y a plusieurs séquences où le film veut délaisser le sérieux de son intrigue (enquête sulfureuse sur la mort d'un dirigeant politique à la JFK) pour donner dans la farce. Ainsi, le meurtrier recherché est un pochtron maladroit homosexuel (on ne sait pas d'ailleurs trop quoi penser de ce trait de caractère, si il est sensé faire passer ce personnage pour un hypocrite qui cache son vice derrière une répression anti-gauche) qui passe son temps à réagir comme un con (histoire de bien forcer l'assimilation entre arsouille de bistro et patriote de droite dure), un général traite les demis juifs de "pire engeance", l'état major poursuit les photographes façon Benny Hill (la scène est particulièrement gênante)... Si Costa a toujours ce goût pour les détails qui densifient l'histoire, nombre de ces derniers en deviennent particulièrement caricaturaux (ah, ces policiers qui tabassent les hippies manifestants avant de leur couper les cheveux...). La conspiration militaire orchestrée ici faisait surement écho à la période de l'OAS, ici en mode bonne répression des familles. Les mentions d'extrême droite sont bien là, les réactions toujours exagérées, car il faut que le message soit clair. Surement que le film bénéficie d'indulgence parce que c'est la vieille France ce qu'on voit, c'est joli dans une vitrine mais c'était peut être comme ça avant... C'est surtout bien haineux façon tous les pourris ont rejoint les militaires dans un gouvernement français imaginaire, le tout entrecoupés de gags voyants qui peinent à alléger le ton du réquisitoire. En bref, on défonce les portes ouvertes ou qui n'existent pas.