1ère remarque: adeptes d'un cinéma qui bouge, laissez tomber vous allez vous faire chier. C'est très lent et contemplatif On rentre ou pas dans Zabriskie Point. Moi, c'est pas tout le temps le cas avec ce genre de films, mais là, j'ai tout de suite accroché.
2ème remarque: j'ai bien fait de me lancer dans la liste des "1001 films à voir avant de mourir" (éditions Omnibus, allez un peu de pub, en passant). Ca m "oblige" à regarder des films auxquels je n'aurai pas forcément pensé. Du coup, c'est mon premier Antonioni (Waouh, ça se fête!) et sûrement pas le dernier. Des obligations comme ça j'en veux bien tous les jours (mais je suis pas dupe, je sais aussi que je vais tomber sur des films qui vont bien me lourder dans cette fameuse liste des 1001 films.....). Mais passons...

Tout d'abord, une petite remise dans le contexte. Antonioni, tout auréolé du succès international de Blow Up, s'attaque à la contre culture américaine. Son seul film américain. Nixon arrive au pouvoir. On est en pleine guerre du Viet Nam. Le peuple est dans la rue (mouvements étudiant, hippie, féministe et black). Niveau cinéma on en est au début du Nouvel Hollywood. C'est un beau bordel et le film d'Antonioni aura autant de défenseurs que de détracteurs avec les polémiques qui s'ensuivent. Voila pour le contexte.

Zabriskie Point, c'est l'histoire d'une rencontre entre deux personnages, Mark et Daria, deux idéalistes (avec une pointe de cynisme chez Mark) étouffé par la ville et la société de consommation, à la recherche de la liberté. . Antonioni arrive à nous donnez une impression de claustrophobie par l'intermédiaire d'une multitude de panneaux publicitaires traités façon pop art et par la vue de ces quartiers résidentiels et compacts qu'ont ne peux différencier les uns des autres. Consommez jeunes gens, consommez....Chacun suit pour l'instant sa propre route réalisant que leur rêve n'est pas possible ici. Et le road movie commence....
La rencontre entre les deux aura lieu en plein désert, dans la vallée de la mort. Un endroit calme, un havre de paix. Ils vont se croiser, s'apprivoiser rapidement (faudra d'ailleurs que je pense à piquer un avion de temps en temps, visiblement c'est une technique de drague imparable....), s'aimer. Mais voilà ce n'est qu'un paradis temporaire et l'heure du retour à sonné. Un retour à la ville qui s'avérera tragique et désespérant.

Les deux acteurs sont tout simplement excellents. Lui, beau gosse séduisant, un peu rebelle. Elle, pas d'une beauté qui saute aux yeux, mais elle à quelque chose de magnétique, un truc en plus. Il me semble que l'on appelle ça ......du charme! Deux acteurs amateurs qui feront trois films chacun et dont on entendra plus parler si ce n'est dans les faits divers (Frechette commettra un braquage avec 2 autres membres d'une secte, sera condamné et tué en prison).

Comme on vient de le voir, pas de fusillades, courses poursuites et autres embrouilles. Non, juste un couple devant une caméra. C'est alors qu'apparaît le troisième personnage central du film : Zabriskie Point, le désert. Je suis resté scotché devant la beauté des paysages présentés par Antonioni. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'est pas manchot le bonhomme. Il nous offre de véritables tableaux qu' il ne nous reste plus qu'à admirer. J'ai pas souvenir d'avoir vu le grand ouest américain aussi parfaitement magnifié. Il ne se passe rien, et je suis là hypnotisé par l'écran. Trop fort ce Michelangelo. Et je ne parle pas de la scène finale, métaphore de la fin du capitalisme, qui est sans doute une des plus belle que j'ai vu au cinéma (faut dire que Pink Floyd en fond sonore, ça aide quelque peu). Mais le pessimisme d'Antonioni reprend le dessus puisque cette scène n'est que le fantasme de Daria et non la réalité.

Bon, faut pas se mentir, il y a tout de même quelques longueurs. Je pense notamment à la scène d'amour au coeur de Zabriskie Point qui se transforme soudain en orgie bestiale, tournée au ralenti, avec l'apparition d'autre couples (et trio) venus d'on ne sait où. Il y en a 2-3 autres comme cela, mais c'est très vite compensé par la maîtrise visuelle d'Antonioni et une bande originale de qualité. Comment pourrait-il en être autrement avec Pink Floyd, Patti Page, Grateful Dead.....Peut-être pas un chef d'oeuvre mais assurément un grand film.

Créée

le 3 févr. 2013

Critique lue 1.1K fois

20 j'aime

26 commentaires

Kowalski

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

20
26

D'autres avis sur Zabriskie Point

Zabriskie Point
Sergent_Pepper
8

"I'm willing to die, but... not of boredom."

Il est assez aisé de faire des reproches à Zabriskie Point. Simplicité du propos, dénonciation facile, idéalisme naïf… à ceci près que le film date de 1969. Deux ans après Blow Up, qui a déjà fait...

le 1 oct. 2013

74 j'aime

1

Zabriskie Point
pphf
7

There must be some way out of here

Zabriskie Point peut agacer, c’est sûr. (Mais un peu moins en 2015, à l’instant où on sort le fatras mystique de Valley of love, au titre par trop explicite, et où les silhouettes de Daria Halprin et...

Par

le 21 juin 2015

39 j'aime

10

Zabriskie Point
Deleuze
7

Karl Marc

Sur le papier, Zabriskie Point est une œuvre magnifique à présenter : une affiche tape-à-l’œil, un titre qui sonne bien, un pitch intéressant qui prend place dans une époque pas moins intéressante...

le 22 oct. 2013

29 j'aime

9

Du même critique

Charlie Hebdo
Kowalski
10

Vous allez finir par vous aimer les uns les autres, bordel de merde!

Les avis c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un! Et un fois n'est pas coutume, je sors de ma réserve habituelle sur tout sujet concernant l'actualité politique et la marche du monde...

le 8 janv. 2015

137 j'aime

62

Pusher II - Du sang sur les mains
Kowalski
9

Tuer le père!

Deuxième volet de la trilogie, "Du sang sur les mains" arrive à se hisser au niveau de Pusher, ce qui n'était pas une mince affaire. Ce coup-ci, on suit Tony (oui oui, celui qui avait...

le 16 sept. 2012

82 j'aime

16

L'Inspecteur Harry
Kowalski
8

Scorpio , Harry, même combat?!

Le voilà donc, l'objet du délit! Ce film qui, bien aidé par la plume redoutable de la journaliste Pauline Kael, fait passer Eastwood de héros de l'ouest à jeune con violent, réac et même carrément...

le 8 mai 2013

80 j'aime

15