Sur le papier, Zabriskie Point est une œuvre magnifique à présenter : une affiche tape-à-l’œil, un titre qui sonne bien, un pitch intéressant qui prend place dans une époque pas moins intéressante des Etats-Unis et une musique composée par les Pink Floyd.
Tout au long du film – et c’est là l’une des grandes forces du métrage -, l’esthétique est impeccable. Que ce soit sur les décors de la fin des années 60, très vintages et pleins du charme d’un mouvement hippie à son apogée ou dans les paysages désertiques du grand Ouest américain, Antonioni sait toujours y faire pour mettre en valeur ces supports d’une grande qualité.
On retrouve d’ailleurs un style dans le cadrage très présent au début du film avec des plans zoomés et des mouvements de caméra saccadés qu’Antonioni emploie au choix soit pour nous donner la gerbe, soit pour nous amuser. Pour conclure, en ce qui concerne la forme, Zabriskie Point est à voir absolument, c’est une expérience.
Avançons nous maintenant vers le fond de l’œuvre, fond qui a valu à Antonioni quelques déboires sur le tournage de son film avec des groupuscules pro-Nixon pas vraiment en phase avec les idées anarchistes que véhicule son œuvre. Des idées retranscrites dans les scènes les plus belles de l’œuvre où Marc, Che Guevara en herbe, et une belle italienne vêtue d’une courte robe verte brisée d’une ceinture à motifs colorés jouent comme des enfants en se roulant dans le sable du désert. Le désir monte, tout est mort autour deux, ils sont les uniques sources de vie désorganisées, ne se souciant d’aucune règle.
Tout ceci sur un petit air de guitare qui s’éteint et nous rapproche de la fin du film. Une fin explosive qui résume finalement bien l’œuvre dans son intégralité : c'est très beau à l'œil, ça se regarde avec plaisir, c'est quelque peu hors-normes mais le réalisateur suit une démarche étrange, livrant un résultat final peut-être éloigné de ce à quoi nous nous attendions.