Le film illustre la contestation étudiante américaine durant la fin des années 60, ainsi que la libération sexuelle propre à ces années. Il s'inscrit dans la suite de films tels que Easy Rider de Dennis Hopper. Très contesté par l'Amérique puritaine - ce qui occasionne pendant le tournage de nombreux incidents avec des militants pro-Nixon (et lui a valu d'être censuré) - le film fut également critiqué à gauche pour son approche, jugée caricaturale, de la contre-culture de l'époque. Mal accueilli par la critique, Zabriskie Point fut un échec commercial à sa sortie : il influença cependant l'esthétique du cinéma américain des années 1970.


La bande originale est notamment composée, en partie, par le groupe Pink Floyd. C'est la deuxième collaboration entre Michelangelo Antonioni et le producteur Carlo Ponti, après le succès de Blow-Up (Palme d'or en 1967), et avant celui de Profession : reporter en 1975.


Présentation


Une étudiante idéaliste, Daria (Daria Halprin) et un militant plus radical, Mark (Mark Frechette), se croisent dans la vallée de la Mort en Californie pendant la contestation étidiante des années 1960 aux États-Unis.


Dans la première scène, le réalisateur filme une assemblée générale étudiante qui se déroule dans les locaux d’UCLA à Los Angeles (Université of California and Los Angeles). L’assemblée décide de l’occupation de la fac. Un jeune homme, Mark, qui va devenir, avec Daria, le personnage principal du film, se lève et déclare « Je suis prêt à mourir pour la révolution, mais je ne suis pas prêt à mourir d'ennui ». Cela suscite l'indignation dans l'assistance, qui pense qu'on ne peut arriver à rien sans organisation.


Tandis que la contestation grandit, Mark achète un revolver avec un de ses amis. Mark va ensuite voir un de ses amis en garde à vue en prison. A cause de son attitude provocante, il se fait à son tour arrêter. Quand on lui demande son identité, il répond « Karl Marx » - que le policier, qui d'évidence ne connaît pas ce nom, écrit "Carl Marx", suscitant l'hilarité chez les jeunes (et le spectateur, seul trait d'humour du film). Relâché un peu plus tard, Mark retourne à l’université où les affrontements entre policiers et étudiants ont pris un tour brutal. Une fusillade éclate, au cours de laquelle un étudiant noir est abattu. Mark sort alors son pistolet et s'apprête à riposter, mais quelqu'un tire avant lui et tue le policier. Craignant d'être poursuivi pour le meurtre, Mark vole un petit avion de tourisme, le Lilly 7 et se dirige vers la vallée de la Mort.


Sur la route qui la traverse, roule une voiture, conduite par Daria. Celle-ci est la secrétaire d’un avocat travaillant pour une agence publicitaire qui s’apprête à réaliser un projet immobilier en plein désert. Daria a rendez-vous avec son patron à Phoenix. L’avion de Mark la survole à la toucher à plusieurs reprises et atterrit un peu plus loin car l’avion est tombé en panne d’essence. Les deux jeunes gens font connaissance et, arrivés à Zabriskie Point, ils font l'amour. Durant la scène d'amour apparaissent d'autres couples, sableux et poussiéreux, nés de leurs fantasmes, et qui s'enlacent sur le sol (scène décriée par la censure qui n'a pourtant rien de bien décoiffant).


Puis, Mark et Daria repeignent l'avion avec des motifs psychédéliques et hippies (on trouve notamment un grand symbole de la paix arboré par les hippies, et une paire de seins). Les deux jeunes gens reprennent leurs routes respectives. Mark décidé de ramener l'avion volé à l’aéroport de Los Angeles et est abattu par la police lorsqu'il atterrit. Daria apprend par la radio la mort de son ami. Elle se rend dans la luxueuse demeure du désert d’Arizona où l'attend son patron et se laisse aller à son chagrin. Elle imagine l'explosion de la villa, une vision dans laquelle sont pulvérisés les objets qui symbolisent la société de consommation (une télévision, une garde-robe, des plats de restauration rapide, des tables et, pour finir, des livres). Daria repart seule dans le soleil couchant sur laquelle s'inscrit le mot "End".


Mon opinion sur ce film


Comme pour More, j’avais gardé un souvenir ébloui de ce film vu lors de sa sortie en 1970, en pleine contestation étudiante. J’ai voulu le revoir car, il y a deux ans, j’ai visité la Vallée de la Mort et vu le site de Zabriskie Point. Quelle déception !


Le début du film, malgré sa confusion, m’a replongé dans les souvenirs d'une époque que j'ai connue avec les mouvements étudiants aux Etats-Unis contre la guerre au Vietnam et Nixon et en France contre la réforme de l'université. Le film m’a intéressé jusqu’au vol de l’avion par Mark et son survol des paysages désertiques de la Vallée de la Mort.


Mais j’ai décroché à partir de la scène d’amour « rêvée » à Zabriskie Point et trouvé pénible la répétition ad libitum de la scène de l’explosion de la villa. C’est vraiment prendre le spectateur pour un imbécile de penser qu’il lui faut voir la même scène (prise sous des angles différents) pour comprendre le message. J’ai envie de dire « c’est gros comme une maison » ! Dire que cette scène grossière a été considérée comme « marquante pour l’histoire du cinéma », je n’en reviens pas ! Pas plus d’ailleurs que celle de l’orgie (on a vu nettement pire depuis !) où les corps se roulent et s'entremêlent dans le borate à Zabriskie Point que j’ai trouvée plutôt ridicule. Dommage car le premier tiers du film, sans être exempt de critiques, est assez réussi. Mais pour les deux autres tiers, c’est un ratage complet et qu’est-ce qu’on apprécie de voir le mot fin s’inscrire sur les dernières images. Même la musique des Pink Floyd ne rattrape pas le coup !


Je ne dois pas être le seul à penser cela puisque le film, qui a été un échec commercial, a été classé parmi les « 50 plus mauvais films de tous les temps » (The Fifty Worst Films of All Time) et, 20 ans après sa sortie, David Fricke pour le Rolling Stone écrit : « Zabriskie Point a été un des plus extraordinaires désastres de l'histoire du cinéma moderne. »


Le film n’a pas non plus porté chance à son acteur principal, Mark Frechette. Bien que n'ayant aucune expérience en tant qu'acteur, il avait été engagé pour jouer le rôle principal masculin du film. Après le film, il n’a tourné que deux autres productions qui ont, elles-aussi été des échecs. Le 29 août 1973, Frechette attaque une banque à Boston, avec deux complices. Un des complices est tué. Frechette, dont l'arme ne contenait aucune balle, est condamné à 15 ans de prison. Deux ans après, il est retrouvé mort par un codétenu, la gorge écrasée par un haltère, dans la salle de sport de la Massachusetts Correctional Institution, où il était incarcéré. L'enquête conclut à un accident. Il n’avait que 28 ans. Daria Halprin, elle aussi amateur, ne tourna qu’un seul autre film après Zabriskie Point. Elle a cependant eu plus de chance que son co-acteur car, bien qu’ayant arrêté sa carrière, elle s’est reconvertie comme professeur d’université en art-thérapie.

Roland Comte

Écrit par

Critique lue 474 fois

D'autres avis sur Zabriskie Point

Zabriskie Point
Sergent_Pepper
8

"I'm willing to die, but... not of boredom."

Il est assez aisé de faire des reproches à Zabriskie Point. Simplicité du propos, dénonciation facile, idéalisme naïf… à ceci près que le film date de 1969. Deux ans après Blow Up, qui a déjà fait...

le 1 oct. 2013

74 j'aime

1

Zabriskie Point
pphf
7

There must be some way out of here

Zabriskie Point peut agacer, c’est sûr. (Mais un peu moins en 2015, à l’instant où on sort le fatras mystique de Valley of love, au titre par trop explicite, et où les silhouettes de Daria Halprin et...

Par

le 21 juin 2015

39 j'aime

10

Zabriskie Point
Deleuze
7

Karl Marc

Sur le papier, Zabriskie Point est une œuvre magnifique à présenter : une affiche tape-à-l’œil, un titre qui sonne bien, un pitch intéressant qui prend place dans une époque pas moins intéressante...

le 22 oct. 2013

29 j'aime

9

Du même critique

Sibyl
Roland_Comte
4

Brouillon et nombriliste

Sibyl (Virginie Efira), psychothérapeute, décide d’arrêter l’exercice de sa profession pour revenir à sa première passion : l'écriture. Néanmoins, alors qu’elle a annoncé à ses patients qu’elle...

le 26 mai 2019

11 j'aime

6

Les Enfants de Timpelbach
Roland_Comte
8

La république des enfants

Les critiques des revues ou des sites spécialisés sur le cinéma n’ont généralement pas épargné ce film, sans doute trop atypique pour eux, mais cela ne saurait me surprendre tant ils adorent pouvoir...

le 11 nov. 2023

9 j'aime

Et au milieu coule une rivière
Roland_Comte
9

Ne croyez pas qu'un film sur la pêche à la mouche soit forcément ennuyeux;

L'action se déroule dans le Montana, au début du XXème siècle. Le film est fidèle au livre, en grande partie autobiographique, de Norman Maclean : nés dans une famille presbytérienne du Montana, deux...

le 19 déc. 2014

8 j'aime