Fruit d’une production chaotique, ayant notamment vu Zack Snyder – touché par un drame familial – laisser sa place à Joss Whedon, Justice League avait – c’est peu de le dire – considérablement déçu les spectateurs à sa sortie en 2017. Totalement dénué de la vision initiale de son réalisateur, le film apparaissait à l’époque comme un blockbuster terriblement bancal, délaissé de toute noirceur/profondeur au profit d’un humour grotesque façon Marvel.
Aujourd’hui, 4 ans et moult rebondissements plus tard, voici que débarque en vidéo le Snyder Cut, sobrement intitulé Zack Snyder’s Justice League, une œuvre fleuve de 4 heures proposant la propre version du film de Zack Snyder. Ne bénéficiant pratiquement d’aucune nouvelle séquence, le long-métrage diffère toutefois grandement du premier film puisque, au-delà d’avoir été complètement remonté pour l’occasion et de proposer une direction artistique indubitablement différente, il a aussi la particularité de se présenter au public en format 4:3. Un format resserré qui peut, certes, dérouter lors des premières minutes de visionnage, mais qui s’avère au final particulièrement intéressant pour les cadrages qu’il propose. Attendue de pied ferme par les fans, cette nouvelle version de Zack Snyder, même si elle n’est pas parfaite, efface néanmoins la plupart des défauts de la précédente réalisation. A commencer par l’écriture, qui confère enfin aux personnages toute la profondeur qu’ils méritent. Bien aidé par la durée du projet, le scénario prend effectivement le temps d’introduire les différents protagonistes et de leur offrir un développement cohérent au regard de la trajectoire de l’histoire. Il en découle, dès lors, un film nettement plus engageant sur le plan émotionnel, à l’image par exemple du parcours émouvant de Victor Stone (Cyborg), interprété par Ray Fischer.
Si le Snyder Cut ne peut, bien sûr, pas prétendre surprendre sur le plan de la trame générale de l’histoire (celle-ci étant désormais connue de tous), les développements scénaristiques qu’il propose offrent définitivement plus de profondeur à l’œuvre, et l’inscrivent aussi plus durablement dans l’univers cinématographique DC créé par le réalisateur américain. Une profondeur qui s’exprime également dans la tonalité du film. Résolument plus sombre, le long-métrage distille cette fois avec parcimonie ses touches d’humour (essentiellement catalysées par le personnage de Flash), refusant de sacrifier la noirceur de ses enjeux sur l’autel du « simple » divertissement. Qu’on préfère ou pas cette approche, force est tout de même de constater qu’elle s’avère nettement plus fidèle à la vision de Snyder, et même plus généralement aux films estampillés DC. Au final, cette consistance retrouvée sur le fond ferait presque oublier à quel point le film est jubilatoire sur la forme. Usant de toute son expérience de cinéaste, Zack Snyder délivre effectivement des moments de cinéma spectaculaires, faits d’affrontements épiques et d’instants de bravoure uniques, rythmés aux sons d’une bande son diablement efficace. Si la qualité de la mise en scène était déjà perceptible en 2017, nul doute qu’elle prend ici une tout autre dimension.
Quatre ans après la version charcutée de Joss Whedon, Zack Snyder offre donc enfin aux super-héros de Justice League l’œuvre cinématographique qu’ils méritent. Film fleuve de 4 heures, ce Snyder Cut gomme pratiquement tous les défauts du long-métrage de 2017, proposant une version bien plus sombre, profonde, ambitieuse, équilibrée… de cette histoire désormais connue de tous. Certes pas sans imperfections, le film délivre néanmoins un moment de cinéma spectaculaire, fait d’affrontements épiques et de relations touchantes. Une vraie réussite !
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