Zama nécessite d'être vu au moins deux fois. Parce que d'emblée le film semble aussi impénétrable que fastidieux. Mais à vrai dire, le quatrième long-métrage de l'argentine Lucrecia Martel, près de 10 ans après La femme sans tête, est aussi déroutant à la deuxième vision qu'à la première. Un colon espagnol chargé des affaires juridiques par le roi en Amérique du Sud s'ennuie copieusement en espérant un improbable transfert. Et le spectateur ressent lui aussi l'attente sans fin de cet homme, au milieu de cette petite communauté méprisante pour les autochtones. Si les images sont belles, il est malheureusement possible de trouver le temps aussi long que son personnage principal qui commence à s'interroger sur le sens de la vie en général et de la sienne en particulier. Peu à peu, d'ailleurs, le film de Lucrecia Martel dérive aux confins du rêve et de la réalité, lors d'une dernière partie aventureuse mais pas moins opaque, pour le plus grand bonheur de ceux qui aiment les films contemplatifs et existentialistes et le malheur des autres, fussent-ils les mieux intentionnés. Un seul conseil avant d'aller voir Zama : être en excellente forme physique et mentale sinon l'assoupissement peut devenir inévitable. Peut-être que le voir une troisième fois serait souhaitable mais là, c'est beaucoup demander.