lé garson i son moch é i pu dabor!!!!
Peter DeLuise, un homme à la carrière mémorable à n’en pas douter. Déjà responsable en 2010 du formidable 16 vœux, voilà qu’il nous revient avec Zapped, sous l’égide bienveillant de Disney Channel. Et on peut constater que ce gars est presque un auteur en fait. En effet, les deux films nous racontent l’histoire d’une jeune fille à la vie tragique (…) qui va de manière totalement improbable se trouver dotée de pouvoirs censés arranger tous ses problèmes mais qui ne vont en réalité que tout faire empirer, et qui vont l’amener à réaliser à la fin que c’était pas si mal avant. Le tout saupoudré d’effets de réalisation audacieux, comme ces mouvements de caméra ultra accélérés avec un bruit de rembobinage, d’un goût certain. Ainsi, Peter DeLuise se révèle-t-il un vrai cinéaste, avec ses obsessions stylistiques et thématiques, un Scorsese en devenir en somme.
Après ces considérations, passons au cœur du film. Zapped raconte l’histoire de Zoey, une fille dont la vie va bien mal. Sa mère vient en effet de se remarier avec un homme bien vivant mais très bruyant, et dont les fils ont des habitudes dérangeantes : il y a celui qui n’arrive pas à se concentrer, celui qui cuisine des plats improbables, celui qui est juste bizarre, … Pire, arrivée dans sa nouvelle école, elle constate que tous les garçons sont en fait assez repoussants. La seule scène de l’arrive à l’école est mémorable en soi. Notre héroïne débarque et constate que tous les garçons sont regroupés en groupes bien distincts : il y a les beaux gosses qui se musclent, ceux qui jouent sur leur smartphone toute la journée, ceux qui puent (oui oui vous avez bien lu : tous les garçons qui puent se regroupent entre eux, c’est assez logique quand on y pense). Puis quand elle arrive près d’un attroupement qui semble à peu près normal, le plus beau du groupe choisit de répondre à notre demoiselle en lui… pétant dessus. Et là mon monde bascule : mon téléfilm Disney Channel vient de se transformer en épisode de Terrence & Philip !
Ce film est tout bonnement surréaliste. Je me demande si ses créateurs croient vraiment que quelqu’un de sensé puisse réellement prendre ce qu’ils essaient de nous vendre au premier degré, où s’ils s’en foutent juste. Bon ADMETTONS qu’une app qui permette de contrôler les garçons soit une idée qui puisse exister, ADMETTONS même qu’elle puisse faire un bon sujet de film, il faut encore avaler la manière complètement bidon que le film a de justifier l’existence de cette app : « bon le smartphone il traverse un panneau solaire, il tombe du toit puis il finit dans la pâté pour chien et PAF superpouvoirs ! ». Ou comment les scénaristes abandonnent juste toute foi en leur audience (peut-on les en blâmer ?) et décident qu’elle gobera de toute façon n’importe quoi.
Ensuite, c’est la partie centrale du film, celle où Zoey va commencer à utiliser son pouvoir jusqu’à l’abus, se rendre compte que contrôler les autres c’est mal, et que les garçons il faut les aimer comme ils sont, même s’ils sont cons et puants. Très beau message donc, je remercie le film de m’avoir éclairé sur ce point, et bon ça marcherait peut-être un peu mieux si tous les mâles du film n’étaient pas présentés comme des gros babouins dégueulasses non ? Bien entendu le seul qui n’est pas con et/ou puant est le beau gars ténébreux, le genre qui porte un bonnet (OMG UN BONNET), qui met ses lunettes de soleil à l’intérieur, qui connaît tous les faits oubliés sur les mantes religieuses… Bref un vrai, le fantasme de toute jeune demoiselle ! Et c’est bien entendu lui qui créera l’émoi chez notre héroïne, lui faisant remettre en cause le vœu de chasteté qu’elle a passé en signant son contrat chez Disney. En parlant de personnages subtils et bien écrits, on a une nouvelle fois droit à la rivale complètement imbuvable (blonde pour changer) et à la meilleure amie un peu décalée et timide (rousse pour changer).
Puis comme on a la star (sisi) de Shake it up! en tête d’affiche, il faut bien inclure des numéros de danse non ? Rassurez-vous ils sont bien là, tout en choré molassonne, en musique inécoutable, et en effets de réalisation et de montage assez immondes.
Merci Peter DeLuise de nous avoir une nouvelle fois gratifiés d’un chef-d’œuvre ! Je ne le pensais pas capable de renouveler l’exploit mais il y est arrivé et avec panache. Le ratage est absolument intégral, rien n’est fait avec ne serait-ce qu’une once de talent ou de bon goût, le foutage de gueule atteint des limites rarement entraperçues. Zapped est un film jouissivement mauvais, de ceux qui vendent du rêve à la minute.