Zero Dark Thirty par raphaelM77
Tout d’abord, il convient de reconnaître que Kathryn Bigelow a atteint une virtuosité dans la maîtrise de la mise en scène cinématographique, elle sait incontestablement tenir le spectateur en haleine et jouer de l'effet de surprise, avec un rythme nerveux.
En ces temps où Hollywood nous gratifie de pas mal de films historiques, sur l'histoire américaine, Django Unchained, Lincoln, (à croire que les réalisateurs se passent le mot, ou peut être y a-t-il des thèmes imposées par année ?), Kathryn Bigelow s'attaque elle à l'histoire très contemporaine, et cela fait plaisir de voir que le cinéma a aussi une valeur pédagogique.
La réalisatrice évite heureusement de tomber dans un patriotisme pathétique. Ceci dit, connaissant la dame, on était en droit de ne pas en attendre moins de sa part, mais cela reste à noter pour un film américain sur la CIA.
En effet donc, la pratique de la torture dans les interrogatoires de la CIA n'est pas éludée, pas plus que la froideur morbide de l'assaut final, les errements de la CIA dans leur traque, ou leur impuissance face à la nébuleuse Al-Qaïda.
Cependant, on est quand même dans un film américain, qui n’est pas exempt de tout manichéisme. En effet, on est bien dans le camp des bons qui luttent contre le mal et cela ne fait aucun doute. La question qui est posée, c’est celle des moyens utilisés pour y parvenir.
Arrêtons nous un instant sur ses deux scènes, qui ouvrent et closent le film.
D’abord la scène de torture du début.
Sous couvert d’objectivité, il fallait en parler, d’autant que l’on voit ces pratiques interdites sous l’aire Obama.
Cependant, fallait-t’il ouvrir le film sur cela, d’autant que l’usage de la torture n’est pas le sujet principal du film ? Je n’ai pas la réponse, et le film a le mérite de poser la question.
Il faut noter que cela est un peu éprouvant, sans être insoutenable, mais en tout cas,. Les âmes sensibles sont prévenues.
Quant à l’assaut final autant dire qu’il est impressionnant de réalisme et qu’il est sans concessions à l’égard de l’armée américaine du moins sur le plan moral. En effet, tous les coups sont permis pour parvenir à leur fin, ce qui ne sera pourtant pas difficile étant donné la résistance quasi nulle qu’ils rencontrent.
Cependant, la maîtrise technique de la mise en scène reflète l’efficacité méthodique du commando.
Mais il y a aussi un côté irréel, accentué par la vision nocturne et peut être aussi par l’effet « jeux vidéo » me semble-t-il.
Enfin, il me reste à parler de l’héroïne, joué par Jessica Chastain.
Ce qui va suivre pourrait me faire passer pour un macho, en tout cas si des féministes arrivent jusqu’ici, elle seront peut-être pas du même avis mais j’assume.
Voilà, Jessica Chastain, je l’ai découvert dans Lawless, (des Hommes sans loi en français), film que j’ai adoré, et j’ai notamment adoré cette actrice qui m’avait vraiment tapé dans l’œil en femme blessée au caractère trempé.
Elle jouait déjà le rôle d’une femme forte, qui sait se défendre et j’aime ça, mais je l’avais trouvé aussi magnifique, physiquement et moralement.
Dans Zéro Dark Thirty, c’est aussi une femme forte et solitaire, un peu à l’image de Sarah Connor dans les Terminator de James Cameron, l’ex-mari de Kathryn Bigelow, mais encore plus guerrière et déterminée.
Mais voilà, même sans fard ni maquillage et la mâchoire serrée, Jessica Chastain en tueuse sans pitié me laisse dubitatif..
Il faut accepter que cette frêle dame soit la grande ordonnatrice de la mise à mort de l’ennemi public numéro un des Etats-unis. Personnellement, je reste un peu sceptique.
